Qu’est-ce qu’elle a d’exceptionnel la situation de notre pays?
Un torrent pareil d’interrogations submerge la scène politique nationale depuis pratiquement la fin de la vague de l’épidémie du Covid-19. Des interrogations, diverses et variées, émanant de tous les milieux, politiques et non politiques.
Le dernier questionnement, posé avec pertinence, fut celui d’un vétéran de la politique, un véritable politologue de taille. Il appartient à notre école, notre « tribu » politique. Celui-ci, comme bien d’autres, décrit la situation de notre pays d’énigmatique, voire parfois tendant au catastrophisme. Pour l’ancien combattant, notre classe politique est complètement déboussolée, aussi bien dans son opposition, dans son centre, que dans sa partie pivotant autour du parti au pouvoir. Constat amer que nous partageons parfaitement avec lui.
Ce que tous nos essayistes dans l’analyse politique oublient c’est de nous proposer un modèle viable, ayant réussi quelque  part sur notre planète Terre dans le contexte international actuel. Ils se contentent de proposer des prototypes d’un passé révolu. Ils ne se rendent pas compte malheureusement que le système de formations et de partis politiques connus jusqu’à récemment fut le produit de l’émergence d’un contexte général engendré par la confrontation idéologique entre deux systèmes de pensées enfantés par la naissance et le développement du système capitaliste, à partir du milieu du 19ème siècle. La confrontation entre les partis de gauche et les partis de droite, concepts nés au sein du parlement français au cours de la révolution française de 1789, va dominer tout le 20ème siècle.
Avec la disparition du bloc de l’Est, le bloc des partis de gauche, la raison d’être des partis politiques, disparut en même temps que la confrontation idéologique entre deux systèmes de pensées radicalement différents. La France, qui servait d’exemple  dans les luttes idéologiques, sombra dans la confusion en matière de représentativité  des partis politiques. Les partis de gauche, le PCF, le PS et nombre de prestigieux partis de droite aux noms changeant selon les circonstances se mirent à végéter, cherchant désespérément à survivre au Covid mortel qui décime les politiques et leurs formations politiques. Le Macronisme est né de leur cendre. Aussi les formations d’extrême droite, usant de slogans et de concepts, hier tabous, parce qu’abjects  et amoraux, deviennent les arbitres de la scène politique française.

 

Un phénomène en voie de disparition

 Chez nous, il serait peu probable qu’on fasse mieux que nos maîtres de la mère métropole. Ensuite un gouvernement, aussi naïf qu’il soit ne se  permet jamais d’aider, de créer ou de renforcer son opposition, à moins que ça soi une opposition fictive. Il revient à toute opposition respectable de se créer ses propres moyens de lutte dans la perspective de remplacer un gouvernement en place.
Donc, tout indique que le phénomène des partis politiques est en voie avancée de disparition. C’est aussi le cas de celui des syndicats professionnels traditionnels. Un phénomène nouveau, celui des ONG et des organisations associatives est en très bonne voie pour prendre leur place.
En conséquence, ailleurs, il n’existe aucun modèle partisan réussi à suivre.  Notre sous-région est balayée de fond en comble par une vague de changements et de bouleversements qui nous menace de toutes parts.
Il serait donc plus sage de cesser de nous éloigner de nos réalités à l’aide de proposions chimériques.
Après la guerre froide, le monde entier se démène à la recherche d’issue de secours lui permettant d’échapper à la confusion généralisée que traverse l’espèce humaine aujourd’hui.
Difficile d’imaginer, hier, au temps de la guerre froide un monde d’humains qui observent avec une froideur glaciale le génocide en cours à ciel ouvert depuis plus d’un an dans les territoires palestiniens et au Liban.
En conclusion, notre situation n’a absolument rien d’exceptionnel par rapport aux autres. Au niveau tribal nous faisons bien partie de «ghouzeyeta ». J’attends bien un exemple qui pourrait nous faire échapper à cette réalité si exceptionnelle du monde d’aujourd’hui.
En matière d’exception, si exception il y a, il nous revient de préserver avec ténacité et fermeté notre singulière exception: la paix intérieure et extérieure dont jouit encore notre pays. Voilà notre devoir. Voilà notre défi. Après on pourrait réfléchir au reste.
 

A S Elmoctar