Docteure Aissata Diallo, gastro-entérologue : ‘’Les conséquences de la multiplication des tradipraticiens sont souvent dramatiques’’

25 November, 2024 - 23:04

Sortante de la faculté de médecine de Sousse (Tunisie) puis de celle de Dakar pour sa spécialisation, Aïssata Diallo est une docteure spécialisée en gastro-entérologie.  Elle est également titulaire d’un diplôme de formation médicale spécialisée à l’université Paris Diderot-Paris 7 (France). Très discrète et appréciée de ses collègues et patients, elle a travaillé à l’hôpital National (CHN) en 2018 puis à l’Institut National d’Hépato-Virologie (INHV) et officie de surcroît à la clinique privée Kissi.

 

Horizons : Vous êtes docteure en hépato-gastroentérologie. Concrètement, que font les gastros ?

Madame Aïssata Diallo : Effectivement, je suis hépato-gastroentérologue exerçant à l’Institut national d’hépato-virologie. Nous prenons en charge les maladies du tube digestif (œsophage, estomac, intestin grêle, colon, rectum et anus), ainsi que les organes qui y sont rattachés (pancréas, foie et voies biliaires).

 

- En Mauritanie, quelles sont les maladies les plus fréquentes en gastrologie ? Quelles en sont les principales causes ? Il est reproché à l’alimentation d’y être pour quelque chose. Partagez-vous cet avis ?

- Une des maladies la plus fréquente en Mauritanie et qui constitue un vrai fléau est l’hépatite chronique B causée par un virus. Nous luttons pour que le dépistage de ce virus et la vaccination soient généralisés sur l’ensemble du territoire. Il y a aussi d’autres maladies fréquentes, comme les problèmes gastriques – très variés – la colopathie fonctionnelle ou encore les lithiases biliaires. Effectivement, notre mode de vie – mauvaise alimentation et sédentarité – a une grande part de responsabilité dans plusieurs maladies que nous constatons dans nos consultations.

 

- De quels moyens humains et matériels disposent les spécialistes pour la prise en charge des patients ?

- Nous sommes actuellement plus d’une trentaine de gastro-entérologues en Mauritanie, la majorité exerçant à Nouakchott. Le matériel en rapport avec l’endoscopie digestive pose un grand problème, dû aux appareils toujours en panne ou incomplets dans les hôpitaux et cela nuit à une prise en charge optimale des patients.

 

- Vous travaillez à l’hôpital hépato-virologie de Nouakchott. Quel rôle joue ce centre dans la prise en charge des maladies gastriques ? Fait-il aussi dans la recherche ?

- Oui, je travaille à l’institut national d’hépato-virologie (INHV) depuis son inauguration en 2018. Une des missions principales de l’INHV est la prise en charge des maladies du foie et, surtout, la prévention des hépatites virales, ainsi que la prise en charge de leurs complications. Nous prenons aussi en charge toutes les autres maladies en rapport avec le tube digestif, le pancréas ou les voies biliaires. Quant à la recherche, elle fait également partie des missions de l’INHV.

 

On observe depuis quelques années la prolifération de cliniques ou de cabinets de tradithérapie qui distribuent toutes sortes de substances et potions à des patients qui trouvent peut-être chers les prestations et médications des médicines dites modernes. Faut-il s’en méfier ?

- Oui, on constate une augmentation exponentielle du nombre de cabinets de tradipraticiens. Mais il n’y a malheureusement pas de vérification ni de suivi de ces officines par les autorités compétentes et les conséquences sont souvent dramatiques. Nous recevons trop souvent dans les hôpitaux des patients qui souffrent de complications graves après un passage dans ces cabinets.

 

- Il existe certainement une société mauritanienne de gastrologie. Le cas échéant, pourriez-vous nous en préciser la mission ? Combien compte-elle de membres ?

- La SOciété Mauritanienne des Maladies de l’Appareil Digestif (SOMMAD) existe depuis quelques années et compte vingt-six adhérents. Elle a comme principales missions de faire progresser l’état de connaissance de la gastro-entérologie, de favoriser les échanges scientifiques, de promouvoir la recherche et de jouer un rôle de prévention auprès de la Société civile. D’ailleurs, nous avons tenu notre second congrès national au mois de Mai dernier. Ce fut un grand succès grâce à la présence de plusieurs collègues de diverses spécialités.

 

Propos recueillis par Dalay Lam