En Mauritanie, les navires de pêche ont l’obligation d’être localisés en permanence par satellite via une antenne Argos, et les bateaux battant pavillon étranger doivent en plus disposer d’une antenne AIS (Automatic Identification System).
Chaque senneur de type turc possède une embarcation pontée de très grande puissance (photo).
Le procédé des pirates est simple : ils transfèrent les antennes des positionneurs Argos et AIS via leurs annexes sur l’un des navires de leur groupe. Ce dernier navigue dans la zone autorisée tandis que les autres, désormais non localisables, pénètrent dans le Banc d’Arguin et déploient leur filet de plus de 1 000 mètres dans des profondeurs inférieures à 10 mètres.
Pendant ce temps, les garde-côtes ne reçoivent pas d’alerte d’incursion en zone interdite, et le système de surveillance leur fait croire que les pirates pêchent dans la zone autorisée.
La majorité des armateurs interrogés demandent une présence physique prioritaire et permanente des gardes-côtes en mer pour protéger le périmètre du Banc d’Arguin (toute la zone du Cap Blanc au Cap Timiris) et souhaitent que les pirates soient traduits en justice et que leurs embarcations soient saisies par l’État.
Il faut reconnaître à leur décharge que les gardes-cotes n’ont pas suffisamment de moyens humains et matériels pour mener à bien une mission qui mérite une présence permanente en plusieurs endroits à la fois. La lutte contré l’immigration clandestine mobilise aussi une partie de leurs moyens. D’où la nécessité pour l’Etat de faire des efforts supplémentaires pour les aider à remplir une mission hautement stratégique et vitale pour le pays et ses ressources.
La prévarication et la gabegie ont-elles encore de beaux jours devant elles ? Jusqu’à quand le détournement des deniers publics restera-t-il le sport favori de nos (ir)responsables ? La lutte contre de telles pratiques que tout gouvernement chante à tue-tête ne serait-elle qu’un vain mot ?