
La naissance du phénomène chômage chez nous
Presque durant trois décennies après l’indépendance, les gens ne se bousculaient pas pour l’emploi. L’emploi moderne, généralement dans l’administration publique, accueillait les sortants des écoles modernes. Ceux-ci n’étaient pas nombreux. Par contre, l’emploi dans le secteur privé naissant et les activités commerciales informelles absorbait de plus en plus de gens, appelés désormais chômeurs.
Le phénomène du chômage apparut comme conséquence de l’exode rural consécutif à la persistance de la sécheresse dans notre pays et dans la sous-région du Sahel.
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En 1979, j’ai participé à un concours de recrutement d’instituteurs adjoints. Après ma réussite au test, j’ai entrepris des démarches pour me faire muter à Akjoujt. Là, j’espérais m’éloigner du climat humide de Nouakchott où mes crises d’asthme me dérangeaient énormément. Ici, il y’a lieu de rappeler que j’avais attrapé ma première crise d’asthme à Akjoujt en 1973. Le deuxième objectif était de me donner plus de temps pour préparer l’examen du baccalauréat l’année suivante. En mai de la même année, j’étais admis à l’examen de probatoire du bac.
Les écoles Un(I) dans notre pays
A Akjoujt, j’étais affecté à l’école I de la ville. Généralement, le nom d’école I dans chaque ville était porté par la première école, celle qui date souvent de l’époque coloniale. On me confia l’enseignement du français à deux classes: le CE1 et le CM2. Jusqu’en mai, le cours de français dominait l’ensemble des classes de l’école.
Une réforme à la va-vite
Puis intervint à la hâte une réforme décidée à la-va-vite. Souvent, les militaires au pouvoir procédaient par ordonnance, même dans un domaine qui, habituellement, exigeait plus de temps et d’étude en matière de réformes.
Elle consistait à procéder à une réorientation des classes de CM2, les classes d’examen, du français vers l’arabe. Il était recommandé de consulter les parents d’élèves avant l’exécution de cette mesure à quelques semaines de l’examen final.
Les limites d’un directeur d’école
En application de la recommandation, le directeur de l’école, qui était en même temps chargé de cours arabe au CM2, tiendra à mon insu une assemblée générale aux parents d’élèves.
Il craignait que je sois tenté par exercer une forme quelconque de pression en faveur du français. Le pauvre ! Combien ignorait-il que c’était grâce aux luttes et aux sacrifices de notre génération des années 60 et 70 que lui-même exerçait en ce moment le titre de directeur arabophone de la plus vieille école d’Akjoujt, l’ancienne école coloniale ! Le lendemain, les élèves, sentant que le directeur m’avait écarté de la consultation de leurs parents, m’informèrent de tout ce qui s’était passé.
Des parents d’élèves marqués par le passé colonial
Ils m’apprirent en même temps que leurs parents, pour leur grande satisfaction, avaient choisi de conserver le français en première position dans l’examen final. Akjoujt, comme bon nombre d’anciennes cités, de création coloniale, était habité par de nombreux anciens collaborateurs et proches des autorités coloniales, notamment d’anciens gardes, militaires ou supplétifs, chauffeurs, garçons ou bonnes et de nombreuses femmes de vie et autres serviteurs de l’ère coloniale.
(À suivre)