Baisse des prix : grogne des détaillants, aucune effectivité sur le terrain
Frappé de plein fouet par la montée exponentielle des prix des denrées de première nécessité, le consommateur mauritanien avale les couleuvres sans rechigner. Fatalisme où défaitisme, il a, semble-t-il, baissé les armes. Pris, pendant ce temps, dans l'engrenage entre les directives gouvernementales à baisser de prix et les diktats des grossistes, les détaillants tentent de sécuriser leur marge bénéficiaire en développant des actions de protestation.
Le regroupement des commerçants-détaillants a ainsi organisé, vendredi dernier, une manifestation pour fustiger la décision du ministère du commerce de baisser les prix. Pour eux, les vrais responsables de la hausse des prix sont les importateurs et les grossistes qui ont su garder leur marge en se déchargeant sur les petits détaillants des quartiers. Évoquant les préjudices encourus du fait de leur non-implication dans le récent accord paraphé par le gouvernement et la fédération de commerce, les détaillants soulignent qu'ils ne s'opposent à aucune décision qui réduirait les prix pour les citoyens mais qu’il n’est pas question, pour eux, d’accepter une décision dont ils seraient les victimes. Et d’appeler en conséquence le ministère à revoir l'accord susdit afin de leur garantir un pourcentage décent de bénéfices, sans conséquence néfaste pour les consommateurs. « C’est aux hommes d'affaires », soutiennent-ils, « de soutenir les prix pour les stabiliser, en nous laissant une marge bénéficiaire cohérente avec nos coûts quotidiens ».
De fait et au-delà des annonces, on n’enregistre aucune baisse sur le terrain où le consommateur reste confronté à une vie de plus en plus chère. Rappelons que le gouvernement et la fédération de commerce avaient paraphé, il y a deux semaines, un accord visant, « dans le cadre des efforts déployés par le gouvernement pour réduire la charge qui pèse sur les consommateurs, à faire face, dans des conditions économiques difficiles, à la hausse des prix et à améliorer le pouvoir d’achat des citoyens ». Ce consensus était évidemment de nature à satisfaire grandement ceux-ci. Et pour cause : les baisses annoncées étaient de 22,5% pour le kilo du sucre, 8,6% pour riz local, 17,1% pour l’huile, 35% pour le blé, 15% pour le pot de lait concentré et 6,25% pour la bouteille de gaz de douze kilos. Mais la publication de ces nouveaux tarifs n’est pas suivie dans les boutiques dont les tenanciers continuent de pratiquer les anciens prix. On peut les comprendre, si les grossistes se sont effectivement abstenus de diminuer leurs propres bénéfices…
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Agitation sur la Toile : le Parquet ordonne l'ouverture d'une enquête
Le Parquet de Nouakchott-Ouest a ordonné, le mercredi 18 Septembre, l’ouverture d’une enquête préliminaire en vue de faire la lumière sur la véracité et les circonstances des informations et des rumeurs récemment diffusées à propos d’actes et de faits illégaux. Depuis quelques semaines, un débat agite en effet la Toile et les salons nouakchottois sur l'origine de la fortune de certaines personnalités. Des lanceurs d'alerte s'interrogent notamment sur les sources de celle, colossale, d'une famille dont les membres se sont illustrés ces derniers temps par des donations et achats divers suscitant des controverses. Sans avancer la moindre preuve sur l’origine, douteuse ou non, de cette fortune.
« Suite à la diffusion d’informations sur des personnes et des lieux nommément cités, et après avoir reçu des plaintes de personnes s’estimant lésées, le Parquet a ordonné à la police judiciaire compétente d’ouvrir une enquête préliminaire afin de faire la lumière sur la véracité et les circonstances de ces informations et rumeurs, ainsi que les conséquences de leur diffusion », a indiqué le communiqué. Selon le Parquet, « l’objectif de l’enquête est d’établir les faits au moyen de preuves, tant au plan matériel que juridique, afin que toute personne responsable d’un acte criminel et pénalement punissable assume la responsabilité et les conséquences de ses actes, dans le but de protéger à la fois la tranquillité publique et l’honneur des citoyens ». Abderrahmane Weddady, un des lanceurs d'alerte, a été interrogé par la gendarmerie. Le Parquet n'a pas précisé la nature de ces rumeurs, pas plus que les parties citées dans le communiqué.