Chronique: Entre Nous

11 September, 2024 - 18:46

Il y a déjà eu un premier mandat de cinq ans. Un autre vient de commencer. Cinq plus cinq, ça fait dix. Il y aura donc bien, sauf accident imprévisible, une nouvelle décennie commandée par un autre général reconverti en politique. Une autre commission parlementaire ? Un autre ex-Président qui sera, après dix années d'apologie et de panégyrique, voué aux gémonies par ceux et celles qui le déifiaient ? Un autre procès plein de rebondissements via communiqués contradictoires d'avocats du collectif de la défense, de ceux de l'État et du ministère public ? Il y a eu nomination d'un nouveau Premier ministre : affaire de cooptation, de captage ou de capture d'un ancien cacique de la décennie passée appelé à faire partie de la décennie qui commence. Il y a eu formation d'un nouveau gouvernement. Moi ici, toi là-bas, lui un peu plus loin, à droite ou à gauche. Mets-moi ceci, je te mets cela. Désigne-moi ma disquette, je te balance ton fiston. Il y a eu déclaration de politique générale, la fameuse DPG à ne pas confondre avec la Direction de la police contre la gabegie. Il y a eu de grosses annonces ; pas de fausses, hein, on ne joue pas au poker ! Nous allons combattre la gabegie. Quel gouvernement du monde aura-t-il jamais dit qu'il allait l’encourager ? Nous allons réformer l'école, diminuer les prix, vous élever au Paradis. Nous avons solution à tout : problèmes de santé, problèmes de chômage, problèmes de revenus. D'ailleurs, le PM semble bien encore se rappeler de ses leçons d’arithmétique ; de ses règles qui nous permettaient, nous les élèves de cette époque, de résoudre sans coup férir nos complexes calculs. Ainsi le PM calculera-t-il les prix d'achat et de revient, les frais et les bénéfices du riz, du sucre, de l'huile, du lait, du charbon, du gaz, de la farine et de tous les autres produits dont la cherté hante la nuit des pères de famille et des ménagères. Le Président a parlé. Le Premier ministre a parlé. Beaucoup de députés ont parlé. D’autres se sont contentés des réseaux sociaux, « tweets » sur X et n'importe quoi sur Y. Mais parler-parler, ce n'est pas bon. Les déclarations d'intention, les vœux pieux et les promesses retentissantes : rien de vraiment inédit. Nos oreilles en sont infectées ; les calmants pour endormir, on connaît ça. Tout comme les reculs pour mieux sauter, les aujourd'hui on fait ceci pour que demain on puisse faire cela… et finalement ne rien faire, ni aujourd'hui, ni demain. Avant de rappeler une nouvelle fois que Son Excellence est fermement déterminé et que son gouvernement l’est encore plus. Bref, nous en sommes là : ce qu'il y a dans la calebasse, la main va le trouver. Salut !

 

Sneiba El Kory