Comme il se dit qu'on n’est plus le pays d'un million de poètes, on ne serait plus, paraît-il – comme aime à le dire l'autre – qu'à mille ou deux milles de Victor Hugo. Loin ça de là ! Nizar Kabani, le grand virtuose de la poésie arabe, celle de la femme, affirma, paraît-il encore, que nous n'étions pas le pays d'un million de poètes. Mais, vous savez, avec ces complexes ataviques et grégaires, il y a là vraiment un problème : il nous faut bien être le pays d'un million de quelque chose. Alors, on va être le pays d'un million d'initiatives ! Oui, des initiateurs hors pair, internationalement inédits ! Avec des ministres qui viennent toujours « avec quelque chose »... Regarde-les, nos ministres très branchés ! À ce point connectés à tout et à chacun qu'ils font la polémique en rencontrant à tout va, en visitant à n'en plus finir, en discourant exagérément : initiatives ministérielles, initiatives d'hommes et de femmes « affairistes »... Véritable confusion de genre. Le patronat semble avoir perdu la tête. Et son président tout devant, illustrant parfaitement l'adage populaire selon lequel « l’incapable de gérer l'ici-bas prétend que la fin du monde est arrivée » Nous attendions la résorption du chômage, industrialisation aidant et, par ricochet, génération d’emplois : on nous sert le mariage ! Nous espérions la baisse des prix des denrées de première nécessité : on nous propose une dot à 5000 MRU ! Vraiment et l’on ne le dira jamais assez, loin ça de là ! Avant de fixer le prix des filles et des femmes des Nous Z’autres, il faut d'abord alimenter les marchés de produits non périmés, les pharmacies de médicaments non contrefaits et soumissionner aux marchés publics via concurrence loyale. Déplacée, la générosité frise l'insolence. Le pays souffre plus de gabegie que de célibat. Distribution de mariages, valeureux cadeaux aux très hautes personnalités : voitures extrêmement chères de dernière génération, appartements, montants à donner le tournis, etc. ; puanteurs de gros scandales, présomption de réseaux mafieux voire de cartels de drogue… Et finir par nous annoncer en fanfare : « nous allons vous marier » ?! Histoire, je présume, de brouiller le chemin et poursuivre la mascarade... Salut !
Sneiba El Kory