A la veille ou dans la perspective de la visite du premier ministre espagnol, M. Pedro Sanchez à Nouakchott, la Mauritanie a annoncé que l’assemblée nationale débattra de deux projets de loi portant sur l’immigration. Ces deux textes figurent dans l’agenda des députés, convoqués en session extraordinaire pour entendre la déclaration de politique général du premier ministre Ould Diay.
Le premier projet de loi porte sur la création d’un tribunal spécialisé dans la lutte contre l’esclavage, la traite des êtres humains et le trafic des migrants, le deuxième est relatif à la modification de certaines dispositions de la loi n° 65-046 du 23 février 1965 relative aux dispositions pénales concernant le système d’immigration. Ils pourraient constituer, comme on l’imagine, un tour de vis dans la gestion du flux de migration qui ne cesse de s’amplifier et d’inquiéter l’Espagne. Le royaume d’Espagne a vu arriver sur ses côtes (iles Canaries), 23 000 migrants clandestins, entre janvier et août 2024, soit une augmentation annuelle de 126%. Suffisant pour pousser les autorités espagnoles à rechercher avec les pays de départ, de nouvelles solutions, les financements jusqu’ici décaissés, n’ont pas réussi à endiguer le fléau. La Mauritanie étant un des points de départ vers l’Espagne et l’Europe. Et malgré les gros moyens déployés par l’Espagne et l’Union Européenne, la source ne tarit point, comme si les pays de départ sont incapables ou n’ont pas de volonté réelle de trouver une solution à la fuite de leurs concitoyens, particulièrement les jeunes.
Faute donc d’avoir réussi à vaincre ce phénomène, par d’autres moyens, l’Espagne vient proposer une autre approche : la migration circulaire ; il s’agit d’«un projet pilote de sélection de travailleurs mauritaniens dans leur pays d'origine » pour qu'ils partent travailler en Espagne. Un projet censé réserver une place particulière aux jeunes et aux femmes. Et pour quelque peu rassurer ses partenaires sénégalais, mauritaniens et gambiens, pays de départ, Pedro Sanchez a défendu que « le phénomène migratoire est une question de principes moraux, de solidarité et de dignité. Mais aussi de rationalité ». Reste à savoir si cette nouvelle approche pourra aider à rationaliser la migration. Comment les candidats seront-ils choisis ? Le seront-ils dans la transparence ?
Faites un petit tour à Nouakchott : allez de la plage des pêcheurs au Port de l’Amitié ou de cette infrastructure vers le carrefour dit Bamako ; partez d’Atak El Kheir 2 en direction de l’Est ; promenez-vous en divers quartiers de la capitale… Rassurez-vous, il ne s’agit pas de villégiature !