Dans un pays normal ou, du moins, de tradition démocratique, la formation d’un nouveau gouvernement devrait bannir les considérations subjectives ; comme celle relative aux dosages, de quelque nature qu’ils soient ; et privilégier la compétence et l’expérience, au détriment de tout le reste. D’où la célèbre maxime qui doit guider tous les choix : l’homme qu’il faut à la place qu’il faut. Qui, malheureusement, n’a été que rarement respectée sous nos cieux. Particulièrement lors de la formation du gouvernement Ould Djay 1.
Sinon, comment expliquer le départ de ministres qui n’ont jamais, de l’avis de tous, démérité, tentant même de secouer le mammouth ? Que peut-on reprocher à Ismaël ould Abdevetah, sinon de s’être attaqué à la mafia qui gangrène le ministère de l’Hydraulique et aux sociétés appartenant à des puissants à qui l’on attribue des marchés et qui font très mal leur travail ? À Mokhtar ould Dahi, à qui l’on a demandé d’accompagner la mise en place de l’école républicaine et s’en sortait plutôt bien ? À Abdessalam ould Mohamed Saleh, un technocrate internationalement reconnu qui s’est mis au service de son pays et dont l’intégrité et les compétences sont unanimement reconnues ? À Lallya Camara, à qui l’on avait confié l’Environnement – un ministère à problèmes, s’il en est – et qui s’est démenée comme elle a pu pour ce secteur dont la préservation est le dernier souci de ses compatriotes ? A Cheikh Ahmedou Ould Sidi, le commissaire aux Droits de l’Homme, qui a travaillé jour et nuit pour faire avancer ou aboutir tous les dossiers relatifs à cette question éminemment sensible ?
Tous ont la particularité d’avoir fait les frais de dosages politiques, tribaux et régionaux, ainsi qu’il en est depuis la nuit des temps. On pensait pourtant qu’engagé dans son ultime mandat, le président pouvait donc faire fi des considérations électoralistes et qu’il allait, cette fois, choisir les meilleurs d’entre nous. Vain espoir… avant combien d’autres désillusions ? Tactique éculée… Le compte-à-rebours est en tout cas enclenché : fin de règne dans 58 mois… Tic-tac… tic-tac.
Ahmed Ould Cheikh