Les Mauritaniens, personne ne sait où faut-il « leur venir ». C'est-à-dire : comment savoir ce qu'ils veulent… s'ils le savent réellement. Ainsi, lorsqu’on leur dit que le prix du ciment a baissé, ils répondent que ce n'est pas important et qu'il fallait commencer par diminuer ceux du pain, de la viande, du riz et autres produits alimentaires, avant les cartes de crédit, iphones et casques de bonne qualité pour rester bien connectés et branchés. Comme quoi les Mauritaniens pensent d'abord à leur ventre. Normal : ventre vide n'a pas d’oreilles... Qui de vous se rappelle encore qu'au temps de la vraie école – des vrais instituteurs, des vrais élèves ; une vieille époque aujourd'hui très révolue… – les brillants élèves pouvaient sauter des classes et les mauvais régresser : X passait le concours au CM1, voire au CE2, alors que Y se voyait rétrogradé du CM2 au CM1, voire au CE2 ? C'est exactement comme les nominations. Que n’a-t-on pas vu ? Ministre redescendu directeur. Secrétaire général de ministère balancé wali. Et ne dites pas ministre de l'Intérieur dévalorisé en gouverneur ou ministre des Affaires étrangères en ambassadeur. D'aucuns iront même plus à me rappeler cet ancien gouverneur de Nouakchott et ex-directeur général de la Sûreté qui s’est retrouvé surveillant général du lycée de Kaédi ou cet autre ancien ministre de l'Éducation puis de la Défense dégringolé directeur du Lycée national. Mais je n'aurais pas « la langue coupée » en commentant que ce n'est ni le même contexte ni les mêmes hommes. La culture du « non, je vous en prie, merci, je n'en veux pas » n'existe pas. La rétrogradation humiliante a un nom chez nous : remise de confiance en untel ou untel. Ceux qui, comme moi, n'ont rien eu grincent des dents mais ne perdent pas espoir. Les Ehel ceci n'ont rien. Les Ehel cela de même. Pourtant ils ont réalisé une grande campagne, ont même fait gagner le Président et dépensé des centaines de millions. Et voilà, que dalle ! Les « trucs » électoraux, pour un candidat, c'est à pile ou face : aux risques et périls des investisseurs. Pourtant, dans ces nominations : du Premier ministre aux membres du gouvernement, des conseillers à la Présidence et à la Primature aux secrétaires généraux ; il y a du boire et du manger. Il y en a même qui ont eu maille à partir – avant de passer entre les mailles du filet… – avec l'inspection générale d'État. Ne pas les avoir envoyés en prison, c'est déjà trop de complaisance. Les « secouer » et les ramener aux affaires est de la provocation, prouvant ainsi, si besoin est, que la lutte contre la gabegie n'est qu'un slogan… puisque lutter contre la gabegie en promouvant des gabegistes est bel et bien une gageure ! Salut.
Sneiba El Kory