La Mauritanie ne se fera jamais par le martyre ou l'exclusion. Elle ne se fera jamais non plus par le consensus hypocrite imposé ou la démocratie de façade...
Elle ne se fera pas moins encore par l'injustice, la gabegie, le tribalisme, le communautarisme, le népotisme... Elle ne se fera pas non plus par la violence, l'instabilité, les préjudices aux biens publics, à l'intégrité des personnes et à leurs droits et libertés...La question maintenant est de savoir situer les responsabilités.
Le premier responsable d'une quelconque situation préjudiciable à un peuple, ne peut bien évidemment avoir ses origines que dans l'injustice et la négation des droits. Le premier droit à respecter, c'est celui de la dignité de l'homme quelle que soit sa race, sa couleur de peau ou son origine sociale.
Garantir la dignité du citoyen suppose qu'il soit et qu'il sente être traité au même titre que tous ses concitoyens. Toute propension à réfléchir ou agir à partir d'un prisme de supériorité, de suprématisme, de condescendance dans la gestion des hommes et de leur relation avec la res publica conduit inéluctablement à une situation conflictuelle à court moyen ou long terme.
Ressentiments accumulés
L'accumulation de tels comportements conduit à l'accumulation des ressentiments qui tôt ou tard conduira à l'indignation, puis au désarroi puis au désespoir et malheureusement in fine au besoin de rébellion contre un statuquo...Alors sachons qu'ils se font des illusions tous ceux qui croient que c'est par le recours au communautarisme, au positionnement identitaire, aux appels à la vindicte contre telle ou telle communauté dans un sens vertical comme horizontal, que l'on pourra mettre fin à l'exacerbation des contradictions secondaires, des fractures sociales et communautaires.
Qu'ils sachent aussi tous ces décideurs obnubilés par l'instinct sécuritaire quitte à ce qu'il s'en suive emprisonnement ou mort d'hommes qu'ils font fausse route et qu'ils se mettent sur la conscience des actes qu'ils auront à justifier sur terre et dans l'au-delà. Le maintien de l'ordre est devenu une science enseignée avec pour socle fondamental la légitime défense et la prohibition de toute violence contre les manifestants pacifiques...Une violence qui devrait être calibrée en fonction de la gravité de l'acte du manifestant. Ce maintien de l'ordre devient d'ailleurs répression politique dès lors que des dirigeants entendent éliminer les voix de l’opposition et de la dissidence trop dérangeantes à leurs yeux.
La répression politique fait mal parce qu’elle consiste en l’oppression (c’est-à-dire soumettre une personne à une autorité excessive et injuste) ou la persécution (imposer à une personne un traitement injuste et cruel de manière acharnée) d’un individu ou d’un groupe de personnes (organisées ou non) pour des motifs politiques. Cette répression vise à restreindre ou empêcher la participation de cet individu ou de ces groupes à la vie politique de la société.
La répression politique se manifeste à travers des gestes comme la discrimination politique, la violence policière, l’emprisonnement, la déportation, la suppression des droits et libertés constitutionnels, etc. Elle s’accompagne d’actions violentes comme le meurtre, la torture, la disparition et ainsi de suite.
Changer son fusil d’épaule
Quand cette répression politique est organisée en haut lieu et sanctionnée par les instances étatiques, on peut parler de « terrorisme étatique ». Alors je prie personnellement tous les jours pour que mon pays la Mauritanie soit épargné de ce glissement perceptible qui risque de prendre plus de forme si nous continuons sur le cycle des élections douteuses, des lois liberticides, comme celle sur les symboles, des arrestations d'opposants, des règlements de comptes politiques, de l'embrigadement ainsi que de l'instrumentalisation des institutions et de la résurgence très marquée du tribalisme, de l'ethnocentrisme, du lobbyisme religieux, de la ploutocratie, de l'incurie de l'administration et de l'esprit flagorneur...
J'ai suivi le message du président Ghazouani appelant à l'apaisement et promettant d'agir comme un président de tous les mauritaniens sans distinction. J'ai toujours cru à la sincérité de vos intentions à travers vos excellents discours Excellence...Mon seul souci est de pouvoir constater sur le terrain la pertinence de vos discours....
Ceux de Ouadane et Djeol sont restés lettres mortes....Vous avez cinq ans encore Monsieur le président pour changer de fusil d'épaule et bien faire car il n'est jamais trop tard pour bien faire et bien faire selon ma modeste vision ce sera de faire de votre prochain mandat celui de la transition vers une Mauritanie apaisée, celle des grands changements, du décollage économique et social, de libérer tous les prisonniers politiques y compris l'ancien président Aziz, abroger la loi sur les symboles, engager un dialogue national inclusif avec des hommes comme Biram, Aziz, et les grands leaders politiques qui ont émergé lors de l'élection présidentielle, surtout les jeunes, et qui se sont distingués par leur popularité...
Mais attention laissez-les s'opposer....Ne tuez pas la démocratie davantage en réitérant avec eux le coup du pacte républicain à l'instar de celui signé avec d'autres ex-opposants et qui est resté lettre morte.
Qu'Allah protège la Mauritanie.
Imam Cheikh