« Un État est d’autant plus fort qu’il peut conserver en lui ce qui vit et agit contre lui » (Paul Valéry)
Il faut aimer son pays pour le servir. Cette réflexion nous pose une question : avec les récents événements au pays, les FLAM ne doivent-elles pas revoir leur copie ? Car tous les problèmes dont les responsables de cette organisation tant décriée se sont toujours préoccupés sont aujourd’hui pris en compte par les nouvelles autorités de la Mauritanie, en l’occurrence depuis l’arrivée au pouvoir de Mohamed ould Abdel Aziz. C’est avec une volonté indéfectible d’en assurer le règlement définitif juste et équitable que celui-ci décida de prendre en charge les problèmes fondamentaux de la cohabitation, de l’esclavage, du retour organisé des déportés et du passif humanitaire.
Face à cette situation et avec la nouvelle tournure politique en Mauritanie, il est lieu de se demander si les responsables des FLAM originelles ne doivent pas changer de stratégie de combat. Elles ont aujourd’hui l’obligation de s’adapter. En politique, quand on change de stratégie de lutte et qu’on entend continuer le combat, il faut envisager d’autres moyens. Les plus importants, à ce stade, pour les responsables des FLAM originelles, c’est de ne pas rester en dehors de ce qui se passe actuellement dans notre pays et d’accompagner les pouvoirs en vue de réconcilier la Nation.
Le climat actuel porte à croire que le pays est entré dans une période décisive qui marquera pour longtemps son destin. Comme pour tous les autres acteurs politiques mauritaniens, il est du devoir des FLAM d’apporter leur concours au processus en cours. Peu importe la manière. Qu’elles s’organisent en parti politique autonome ou intègrent d’autres forces, l’essentiel est que leur cause puisse trouver le meilleur cadre pour se porter au plus haut degré des préoccupations nationales et éviter ainsi d’être marginalisée. Pour preuve, le parcours d’Ibrahima Moctar Sarr, illustre ancien des FLAM, qui s’est présenté plusieurs fois à l’élection présidentielle. C’est ici dire que le combat politique constitue la seule voie pour être bien apprécié autant par la Communauté internationale qu’au plan national.
Pour la petite histoire, des divergences furent exprimées, vingt-deux ans après la fondation des FLAM, sur sa ligne politique. C’était au cours de leur 6ème congrès tenu à Cincinnati aux Etats-Unis d’Amérique les 26-27 et 28 Décembre 2005 et portaient sur le Sahara, le Sahel et le Fleuve. Si le Charg et El Guebla représentent des entités vivantes avec des vocations particulières, nous plaçons cependant au-dessus d’elles une autre, unique, qui les résume toutes : la Mauritanie. Aux forces de distorsion existantes ou sous- jacentes, qu’elles viennent du Nord ou du Sud, nous substituerons notre volonté unanime de paix. Tel est l’avertissement solennel à tous ceux qui doutent de « notre détermination à réaliser ensemble la Patrie mauritanienne » (Moktar ould Daddah). Notre peuple est réputé pacifique malgré sa diversité ethnique, tribale et clanique qui aurait été, sous d’autres cieux, source permanente de conflits. Qu’Allah bénisse la Mauritanie !
Ahmed Bezeïd ould Beyrouck
Chroniqueur politique