Le Calame : Le candidat de votre parti a été proclamé vainqueur de la présidentielle du 29 Juin dernier. Comment avez-vous accueilli cette annonce ? Comprenez-vous pourquoi aucun candidat opposé au vôtre n’a déposé un recours devant le Conseil constitutionnel ?

Ahmed Jiddou Zeïne : Oui, notre candidat, le candidat de la majorité du peuple mauritanien, a réussi. Ce fut un succès convaincant et transparent, reconnu par tous les observateurs et partenaires du processus électoral. Aucun candidat ne s’y est opposé et aucune plainte n’a été déposée auprès du Conseil constitutionnel car les procès-verbaux étaient publiés et signés par les représentants des candidats. Ceux-ci ont pu récupérer ces constats et calculer en conséquence les scores avant même la CENI.

 

- Au lendemain de son élection, le président de la République a déclaré qu’il sera le président de tous les Mauritaniens et qu’il reste ouvert au dialogue avec tous les acteurs politiques. Quel est le sens de ce message ?

- Oui, Son Excellence le Président Mohamed ould Cheikh Al-Ghazouani est connu pour la qualité de sa vision et de pardon à tout le monde. Il a annoncé qu'il sera président de tous les Mauritaniens, loyalistes et opposants. Quant à la concertation et au dialogue, ils sont une composante fixe de son programme électoral. Ils n'ont donc rien à voir avec ces résultats et la porte de la présidence restera ouverte à tous les partis.

 

- La proclamation des résultats a été endeuillée par des manifestations de jeunes dont trois ont perdu la vie à Kaédi. Le ministre de l’Intérieur a promis l’ouverture d’une enquête. Que pensez-vous de ces incidents tragiques ? 

- Un candidat s’est malheureusement entêté à accumuler des discours obscènes, attisant le racisme odieux. Il a les prononcés après même que les résultats sont devenus clairs et cela a déclenché des mouvements de foule. Son directoire de campagne a ensuite diffusé des messages trompeurs sur sa victoire – c’était coordonné… – et cela a enclenché une nuit de terreur dans la plupart des régions du pays. Des étrangers sont entrés dans ce chaos, ont attaqué des citoyens et pillé leurs biens. Nous regrettons le décès de ces jeunes, asphyxiés lors d’un entassement dans des locaux inappropriés à recevoir un nombre important de personnes... Les autorités de sécurité ont subi une pression soudaine après la nuit et ont été attaquées par surprise. Quoi qu’il en soit, le gouvernement enquête sur ce malheureux incident. Nous présentons nos plus sincères condoléances aux familles des victimes et demandons miséricorde à Dieu pour le repos de leur âme.

 

- Que peuvent attendre les Mauritaniens du second quinquennat du président de la République ? Quelles sont les premières priorités au lendemain de sa prestation de serment le 2 Août prochain ?

- Les Mauritaniens tiennent à ce que son Excellence le Président ajoute à ses efficaces programmes sociaux deux composantes très importantes : l'implication et l'insertion des jeunes dans le monde du travail, d’une part, et la réalisation, d’autre part, de ses ambitions, conformément à son programme. Tout le monde souhaite que soit également exercée une main de fer sur la gabegie, en éliminant ceux qui s’y adonnent de toute direction. Le peuple exige en ce sens le retrait de tous ceux qui ont participé à l'administration de la décennie 2009-2019...

 

- Pendant la campagne électorale, le président de la République s’est engagé à bâtir un État de droit et de citoyenneté, fort et prospère, débarrassé du racisme, de l’esclavage et du communautarisme. C’est donc dire qu’on peut s’attendre à de profonds changements au cours de ce second quinquennat ?

- Dans ses discours, son Excellence le Président de la République a tenu à prôner la réforme de la justice, la mise en œuvre de l'égalité entre tous les Mauritaniens et l'effacement des disparités sociales, conformément à son discours de Ouadane. Nous espérons donc en effet la mise en œuvre effective de ce programme dans les cinq prochaines années, Inchallah.

 

Propos recueillis par Dalay Lam