La Société Nationale Industrielle et Minière (SNIM) est née en 1974, avec la nationalisation des MInes de FER de la Mauritanie (MIFERMA), fondée vingt-deux ans plus tôt, par les Français, pour exploiter les gisements de minerais de fer à ciel ouvert de la Kédia d’Idjil, près de Zouérate, dont le premier chargement partit, par bateau, en 1963.
Le gouvernement mauritanien possède actuellement 78% de la SNIM. Le reste appartient à cinq organisations financières et minières arabes, dont le FADES et la BID. La société représente 15% du PIB de la Mauritanie et emploie environ cinq milles personnes : 3 753 à Zouerate et le reste à Nouadhibou. La première minéralisation d’hématite fut découverte à la Kédia d’Idjil, en tant que crêtes proéminentes ou guelbs, avant deux autres corps massifs de minerai de magnétite, Guelb Rhein et Oum Arwague, juste à côté. Quelques années plus tard, le gîte de qualité de M’Haoudat fut identifié. Sa production débuta en 1991. Ce gisement comprend une crête longue de quatorze kilomètres, contenant quatre corps hématiques fortement inclinés, en forme de lentille et de haute qualité, toujours en exploitation.
La même année, une autre minéralisation de haute qualité fut découverte à TO14, près de Tazadit, aujourd’hui encore productive. En 1999 et 2000, la proposition s’est concentrée sur la délinéation des minéralisations profondes, dans les zones de M’Haoudat et de Guelb Atomaye, à l’ouest de Zouérate. La SNIM occupe le second rang des producteurs africains de minerai de fer, avec une capacité annuelle de douze millions de tonnes. Ses principaux clients sont domiciliés en Chine et en Europe. Les produits sont calibrés siliceux (XCB: 52%pds Fe), fines naturellement riches (XFC: 58%, TZFC: 62%, TZF: 64,5 %) et concentrés (GMAB: 66%).
Les ouvriers de la SNIM à Zouérate ont déclenché une grève le 28 janvier 2015. C’est l’occasion d’apporter quelques réflexions sur le syndicalisme, en général, et la grève, en particulier, qui ne doivent pas être un sujet tabou. Pour bien situer d’emblée les choses, soulignons qu’il ne s’agit pas, ici, d’une position tranchée ni de l’attitude officielle de la SNIM, face au syndicat. C’est, tout au plus, un appel à la réflexion sur un problème important qui touche aussi bien les travailleurs que leur entreprise et sur lequel un débat ouvert et direct doit être entamé.
Tout pouvoir, en démocratie, a besoin de contre-pouvoirs et le syndicat est une nécessité, tant pour l’entreprise que pour ses travailleurs. Il permet, à l’employeur, de réduire le nombre d’interlocuteurs parlant au nom de leurs camarades-travailleurs, encadrer ceux-ci et éviter, ainsi, tout débordement spontané incontrôlable. Il est également l’avocat qui véhicule et défend les intérêts et aspirations des travailleurs. Pour que le syndicat joue pleinement son rôle, deux conditions, au moins, doivent être satisfaites. L’entreprise doit, tout d’abord, s’obliger en permanence au dialogue et à la transparence ; les délégués du personnel, bénéficier, pour leur part, de la confiance des travailleurs, par la pertinence et l’opportunité des problèmes qu’ils posent, loin de toute surenchère stérile.
Le syndicalisme suppose donc un dialogue. Celui-ci doit être régi par un certain nombre de dispositions, consenties et légales, formelles et informelles. En l’absence du consensus que tout le monde doit chercher, des voies de recours bien connues – réunions mensuelles avec les délégués, conciliation, médiation – permettent de maintenir le dialogue pour aplanir les différends. La grève ne doit être qu’un ultime recours. Elle a ceci d’inquiétant de signaler une rupture de communication. Là, deux questions se posent : la grève est-elle plus efficace en menace latente ou mise à exécution ? Si l’on fait le bilan de ce que les travailleurs ont gagné, de la fondation de la SNIM à aujourd’hui, quelle est la part obtenue grâce au dialogue et celle arrachée par la grève ?
Celle qui vient de s’ouvrir est venue assombrir et noircir l’embellie, pour ne pas dire la symbiose, qui a toujours existé entre la SNIM et ses travailleurs. Doivent-ils, désormais, s’observer en chiens de faïence ou essayer, plutôt, d’améliorer, par le dialogue, leur condition, en cueillant le fruit de leur travail, lorsque les moyens de l’entreprise le permettent ? Ne pas tuer le veau, donc, ni assécher la « Tadit ». Certes, les grévistes se déclarent toujours prêts à rouvrir le dialogue et la direction semble plutôt dure d’oreille… Affaire à suivre de près. Je dirai même plus, à suivre de très près…
Sidi Ould Mohammed ould Bobba
El Haitt-Est - Zouérate