Une bande de voleurs de bétail sous les verrous
Cela fait des années que le vol de bétail est devenu quotidien à Nouakchott. Il suffit pour les voleurs – le plus souvent des fils dépravés de nantis – d'avoir un véhicule, un récipient et quelques kilogrammes de blé ou de riz. En général, c'est pendant la journée qu’ils ciblent les chèvres et moutons errants. On arrête la voiture – le plus souvent volée – à proximité d’animaux en train de brouter. Un des loustics met du blé dans la gamelle et approche en remuant celle-ci, les chèvres accourent, le chauffeur vient garer à côté d’elles, il n’y a plus qu’à en embarquer deux ou trois, sous les yeux des passants indifférents. Visage toujours enturbanné pour ne pas être identifiés, les voleurs disparaissent... Ces bandes sévissent partout en ville et en campagne. Ils fournissent leur butin à des bouchers sans scrupules qui acceptent d'acheter à bas prix ce bétail suspect.
Le mois passé, beaucoup de chèvres et de moutons ont ainsi disparu d'Arafat. La police a reçu plusieurs plaintes. Des témoins ont affirmé avoir vu des jeunes embarquer des bêtes à bord d'une Renault 21. Le Commissariat spécial de la police judiciaire (CSPJ) a ouvert une enquête et les agents de recherche n'ont pas tardé à lever une piste. C’est le chauffeur de la Renault 21 qui a été épinglé en premier. Le lendemain, la police entamait une descente à Mellah, une maison a été cernée puis investie. Quatre jeunes hommes en ont été extraits, menottés. Quelques têtes de bétail et une importante somme d'argent ont été découvertes dans leur repaire. Au cours de leur audition, ils ont déclaré avoir écoulé la plupart des bêtes volées au marché Poteau 11 d'Arafat. Ils ont été ensuite déférés et écroués à la prison de Dar Naïm.
Le soum-soum se nationalise
Le célèbre soum-soum est un alcool africain importé en Mauritanie par des ressortissants Ouest-africains au début des années 90. Ce furent des ghanéens et des nigérians qui le distillèrent pour la première fois chez nous, ouvrant la fête chez les ivrognes aux bourses dégarnies. Beaucoup en consommaient à Sebkha. Puis la filière bissau-guinéenne prit le dessus et s’arrogea un véritable monopole sur cette sale besogne, en mettant en œuvre des distilleries fixes et mobiles. Deux femmes s’y distinguèrent : Antoinette et Rose...
Mais les deux derniers mois ont prouvé que la donne avait changé : les trois réseaux de fabrication et distribution de cet alcool appréhendés par la police étaient tous constitués de mauritaniens. Il y a quelques jours, le commissariat central de Riyad en a démantelé un nouveau au PK 10, saisissant plusieurs fûts de cent litres prêts à être distribués. Les quatre tenants de ce réseau sont eux aussi tous mauritaniens. Ce qui aggrave le danger que court notre jeunesse piégée entre alcoolisme et toxicomanie.
Un arnaqueur pris au piège
Un imam d'une de nos villes de l'intérieur s'était rendu au Golfe pour y obtenir de l'aide, comme s’y emploient beaucoup de ses confrères. Après quelques mois passés sans avoir gain de cause, il finit par rencontrer un parent qui le mit en contact avec une riche famille investie dans la construction de mosquées et l'adduction d'eau pour les populations rurales démunies. Il leur présenta une étude pour l’érection de plusieurs mosquées et le creusement de forages au bénéfice de quelques villages. L'étude fut agréée, l’imam encaissa les chèques et revint au pays… pour se la couler douce. Le voilà à acheter plusieurs véhicules de marque, se faire construire des villas Tevragh-Zeïneuses et se lancer dans la polygamie. Ses familles partent chaque année en vacances au Maroc, il s’intéresse à la politique et rejoint le parti au pouvoir… La fortune sourit-elle donc toujours aux escrocs ?
Très probablement pas cette fois, en tout cas : il y a trois jours, un message de ses bailleurs est subitement venu l'informer qu'une mission était en route pour contrôler ses « réalisations ». Le filou se rend aussitôt dans son village natal et convoque tous ses proches. Habitués à ces réunions où il les exhorte d’habitude à accueillir le hakem ou le wali, sinon voter pour tel candidat de l’INSAV, ils ont tous répondu à l'appel. Quelle stupeur alors, quand il leur révèle le vrai motif de cette rencontre : « Je n'ai construit aucune mosquée ni réalisé le moindre forage. Je veux votre témoignage comme quoi la totalité de la somme m’a été volée dès mon retour au pays. » ! Après quelques minutes de silence, les voix fusent de partout : « Nul d’entre nous n’acceptera une telle félonie ! » Houleux, le débat a frôlé la bagarre, avant que la foule ne se retire, laissant notre baron sans plus de saint à qui se vouer…
Mosy