Quand les media publics joueront-ils le jeu de la démocratie et du pluralisme ? Quand entendront-ils qu’ils ne sont pas au service d’un seul pouvoir ou candidat mais de tous et, au-delà, de toute la classe politique, majorité comme opposition ; plus généralement encore, de toute opinion ? Comment leur faire comprendre qu’ils fonctionnent avec l’argent du contribuable – c’est-à-dire de nous tous – et doivent en conséquence véhiculer la voix de tout un chacun ? Au vu de leur contenu, il y a en tout cas loin de la coupe aux lèvres. À quelques semaines de la présidentielle, il suffit de jeter un coup d’œil sur le moindre journal télévisé pour se rendre compte que le compte n’est pas bon. Par ailleurs président sortant, un seul candidat y bénéficie, en plus de l’exposé de ses activités officielles et des inaugurations en son nom, de la représentation d’un flot incessant d’initiatives de soutien à sa candidature. Alors que les autres candidats n’ont droit qu’à de très brèves brèves. C’est pourquoi ceux-ci viennent de saisir la Haute autorité de la presse et de l’audiovisuel pour protester vigoureusement : les institutions audiovisuelles publiques, se plaignent-ils, « sont devenues des plateformes de propagande électorale pour un candidat spécifique dans la course à la présidentielle ». Et d’exhorter ladite HAPA à « exercer ses pouvoirs et son rôle de supervision de manière exhaustive, pour garantir l’impartialité des media publics et préserver les droits de tous les candidats ». Une litanie que n’ont cessé de répéter leurs prédécesseurs depuis la nuit des temps. Sans résultat jusqu’à présent. Les media publics ne sont, depuis la période d’exception et jusqu’à nos jours, qu’au service du pouvoir en place, quel qu’il soit. Dans ces conditions, faire infléchir leur position et leur faire comprendre leur vrai devoir s’apparente à un nouveau travail d’Hercule, c’est-à-dire « énorme et pratiquement impossible », selon le dictionnaire.
Ahmed ould Cheikh