« Le Sénégal est un pays en développement et se classe en 170e position selon son indice de developpemnt humain en 2021 ». « La Mauritanie occupe le 128e rang ».
(Tout ça selon Google)
Depuis son accès à l’indépendance politique octroyée en 1960, le Sénégal n’a de cesse d’être secoué par des tensions et des crises politiques chroniques, souvent très violentes, parfois meurtrières comme la dernière crise qui a produit le dernier changement.
Des accords de coopération avec la France étouffent le Sénégal depuis son indépendance. Ses accords privent le Sénégal de la moindre marge d’expression de sa souveraineté, notamment dans les domaines économique et culturelle.
La singularité du Sénégal s’exprime dans le fait d’être le seul pays africain francophone qui n’a jamais connu de coup d’état militaire réussi. La présence d’une base militaire française permanente n’est pas étrangère à cette exception sénégalaise.
L’arrivée par voie des urnes d’une équipe gouvernementale se réclamant d’une option de rupture totale avec le système en place depuis l’indépendance, pose énormément de questions. Elle use d’un vocabulaire presque inconnu dans le pays du président Senghor, premier agrégé africain en langue française.
« Rupture systémique, un gouvernement de lutte, conquête de notre souveraineté … », des vocables et expressions, rencontrés avec moins de vigueur chez les putschistes des pays voisins en rupture avec la Françafrique par voie militaire.
Le jeune tandem Faye-Sonko fait trembler le CFA, la francophonie, RFI…, en somme l’ensemble du système de la Françafrique. Le 24 mars, jour des élections sénégalaises, le président ivoirien Alassane Ouattara se pressa pour passer ce dimanche avec le président Macron afin de se partager la fièvre de ce qui se déroule au Sénégal. Juste après, Macron s’envola en Afrique de l’Est à la recherche de nouveaux partenariats. Le pauvre, petit Macron, il ne sait pas qu’il risque d’être rattrapé par la main panafricaniste des nouveaux adeptes des pionniers du panafricanisme, Nkrumah, Nasser…!
L’exemple mauritanien
Tout indique que ce qui se déroule au Sénégal s’inscrit intimement dans la vague de contestation qui secoue depuis quelque temps le système néocolonial français qui, contrairement aux autres, n’arrive pas à imaginer l’existence d’une république française sans les frontières de l’ancien empire colonial. Curieusement, au Sénégal actuel, après plus de trois siècles de colonisation et de politiques d’assimilation, les langues et les cultures nationales ne cessent de s’imposer et de submerger l’enseignement forcé de la langue et de la culture françaises.
Dans leurs divers discours et déclarations les nouveaux maîtres du Sénégal, usant d’un langage diplomatique à peine voilé, pointent du doigt sans le nommer le principal interlocuteur dans d’inévitables négociations qu’ils comptent mener dans les meilleurs délais en vue de satisfaire les aspirations fondamentales du peuple sénégalais. À une question se rapportant à une sortie éventuelle de la zone financière CFA, l’un d’eux répond qu’ « on ne confie pas la gestion de son porte-monnaie à une tierce personne. « Il n’est pas exclu de suivre l’exemple de la Mauritanie en matière d’indépendance monétaire », renchérît récemment Sonko.
Donc, contrairement à bon nombre de nos concitoyens, l’inspirateur du changement au Sénégal se souvient lui du plein succès de notre révolution anti-néocoloniale il y a de cela plus d’un demi-siècle. À l’époque, toute une génération de jeunes avaient sacrifié leurs études, leurs emplois et même leur liberté et en pleine sécheresse pour parvenir à une telle fin. Des centaines d’entre eux, hommes et femmes de toutes nos ethnies et régions, connurent la prison et les tortures les plus atroces. Se sentant menacé dans son existence le régime de l’époque a fini par céder et pousser les autorités françaises à une révision systématique des accords dits de coopération, révision « systémique » pour paraphraser les nouveaux dirigeants sénégalais. À l’époque, on servait d’exemple aux yeux des jeunes sénégalais et africains de l’université de Dakar.
Les nouvelles autorités sénégalaises promettent également une révolution en matière d’administration et de gestion de la chose publique. Attendons, ils pourraient certainement nous servir d’inspiration sur ce plan.
Le changement systémique d’un système constitue une véritable révolution et « la révolution n’est pas un dîner de gala… », disait un révolutionnaire anti-systémique.
En attendant, accompagnons nos frères et amis sénégalais dans leur si noble mais aussi combien difficile mission!
A S Elmoctar