Pourtant munis de visas en bonne et due forme, ils sont de plus en plus nombreux, les mauritaniens qui se font refouler à l’aéroport de Las Palmas, victimes du zèle de certains policiers. Les pandores exigent parfois un billet retour, une importante somme d’argent en liquides pour financer le séjour – les cartes de crédit ne sont pas acceptées – une réservation d’hôtel pour leur éviter sans doute de passer la nuit à la belle étoile ou, tenez-vous bien, un titre de propriété pour ceux qui se disent propriétaires d’appartements (comme s’il était d’usage de trimballer ce genre de documents d’un aéroport à l’autre) ! La situation a atteint un tel degré que la consule générale de Mauritanie aux Canaries a été obligée de s’en mêler. Mariem Aouffa a en effet exprimé son malaise face au traitement que reçoivent les ressortissants de notre pays à l'aéroport de Gran Canaria, en raison, s’est-elle émue, « du zèle excessif des agents frontaliers au moment d'autoriser l'entrée sur l'île ». L’organisation Hispafrica qui travaille à améliorer les relations entre l’Afrique et l’Espagne a elle-même qualifié ces pratiques d’« absurdes ». Que craignent donc nos amis espagnols pour faire preuve de si peu de courtoisie à notre égard ? Oublient-ils que leur île n’est pas une terre d’immigration et que les mauritaniens qui y viennent chaque année par milliers n’ont d’autres objectifs que de passer des vacances, dépenser leur argent, acheter des logements et se faire soigner ? Ont-ils la mémoire si courte pour ne pas se rappeler que lors de la dernière crise économique qu’a connue l’Espagne, ce sont nos concitoyens qui ont sauvé l’économie de l’île ? Il faudrait que les responsables espagnols expliquent à ces policiers que les Mauritaniens sont, parmi la communauté étrangère, ceux qui possèdent le plus de résidences à Las Palmas. Et leur rappeler surtout que leur Premier ministre est venu tout récemment à Nouakchott implorer le soutien de la Mauritanie dans la lutte contre l’immigration clandestine. Sans cet appui, il paraît évident que leurs îles seront envahies par des milliers d’immigrés sans papiers qui se dispensent, eux, de visas… en ignorant tout simplement les aéroports. Vous auriez donc tout intérêt, messieurs les policiers, à entendre que tous les étrangers, fussent-ils africains, ne sont pas tous des migrants et à mettre un peu d’eau dans votre vin, si vous ne voulez pas boire le calice… jusqu’à la Galice !
Ahmed ould Cheikh