Il y a quelques jours, précisément le vendredi dernier 15 Mars, un citoyen habitué à se rendre au Port de Nouakchott pour des raisons professionnelles constatait que la route reliant cette infrastructure au marché de poisson avait été refaite, les innombrables nids de poule qui la jonchaient avaient, en quelques heures, disparu comme par miracle. Connaissez-vous le pourquoi de cette célérité si rare lorsqu’il s’agit d’un travail d’intérêt commun ? Je vous le donne en mille : le président de la République devait l’emprunter le jour même pour aller inaugurer le pont Taazour à Riyadh ! Des coups de balai ont même été donnés aux abords de la voie pour donner au boss l’impression que l’ETER et la mairie font tout aussi correctement leur travail que le ministère de l’Équipement et des Transports. Et que donc nos routes sont toujours bien entretenues. Un cinéma auquel nous ont habitué les administrations, chaque fois que le Président se déplace…
Mais avec le Ramadan, le mois de la bonté et de la vérité, les choses ont cette fois atteint un record inégalé. Ils sont en train de faire croire au Raïs que nous avons atteint l’autosuffisance alimentaire en légumes, poulets et œufs, avec des prix abordables de surcroît. La TVM ne cesse de nous le répéter à l’envi. Mais c’est, hélas, loin d’être le cas. Il suffit juste de faire un tour au marché pour se rendre compte de la supercherie. Jamais la valse des étiquettes n’a été aussi flagrante qu’en ce mois béni. Et le pauvre citoyen, lui, continue de trinquer. Il voit les étals bien achalandés et n’a plus que sa bouche pour saliver… si c’est encore possible avec la soif et la faim qui lui tordent les boyaux.
Ahmed ould Cheikh