Les investitures pour l’élection présidentielle de Juin prochain s’installent au menu de l’actualité politique. La dernière en date est celle de maître El Id Mohameden M’Bareck, investi le 2 Mars par la Coalition « Espoir Mauritanie » formée le 22 Décembre 2022 par six partis de l’opposition : le Front Républicain pour l’Unité et la Démocratie (FRUD), le Rassemblement des Démocrates Progressistes (RDP), le Changement Effectif, le Sursaut Populaire Démocratique (SPD), La Mauritanie qui rassemble et Mauritanie Forte.
La cérémonie d’investiture s’est déroulée au palais du Congrès. Principalement composé de jeunes, le public a répondu à l’appel de la coalition en affluant de tous les quartiers de Nouakchott. Belle occasion pour le candidat et les responsables de cette ligue de présenter les grands axes de leur programme : éradiquer les inégalités et les injustices, en réglant la question lancinante de l’unité nationale (passif humanitaire, esclavage, etc.) ; établir une école véritablement républicaine, creuset de l’unité nationale ; endiguer puis enrayer la corruption ; préserver et assurer la sécurité des personnes et des biens et des frontières ; instaurer un développement équitable et durable du pays ; répartir équitablement les dividendes tirées de ses énormes ressources…
La candidature de maître El Id Mohameden M’Bareck, député à l’Assemblée nationale, était évoquée depuis la dernière présidentielle de 2019, elle s’est donc matérialisée ce 2 Mars 2024. Ce jeune avocat s'est illustré par ses interventions à l’Assemblée nationale et les dossiers qu’il défend avec brio, surtout en faveur des démunis. Il fait partie des jeunes acteurs politiques aux dents longues. Réussira-t-il à élargir la coalition Espoir Mauritanie qui avait surpris par son résultat lors des dernières élections législatives de 2023 ? Elle est, depuis, la seconde force de l’opposition à l’Assemblée nationale.
L’entrée en scène de maître El Id intervient après l’officialisation de la candidature indépendante du docteur Hamidine Kane. Dans un document largement distribué à la presse et sur les réseaux sociaux, la cellule de communication de ce docteur en économie et intelligence artificielle en a dévoilé les intentions. Au cours d’une conférence de presse animée dans la foulée, le 28 Février dernier à l’hôtel MauriCenter, il a esquissé les grandes lignes de son ambitieux programme : refonder la Mauritanie sur des bases de justice, égalité et fraternité ; éradiquer la corruption qui gangrène l’économie du pays, génère inégalités, frustrations et tensions… Ces deux postulations confirment l’impuissance de l’opposition à se trouver un unique représentant, tant divergent les intérêts des uns et des autres.
Premier à avoir manifesté sa candidature au lendemain même de la présidentielle de 2019, le député Biram Dah Abeïd, président d'IRA Mauritanie, aurait dû l’officialiser également, si ses démêlées avec le président de l’UFP n’avaient conduit à la levée, presque en catimini, de son immunité parlementaire le 20 Février dernier. Sera -t-il jugé avant la fermeture officielle des dépôts de candidature ? Écopera-t-il, comme le redoutent ses soutiens, d'une peine d’inéligibilité ? Ils accusent les responsables de l’UFP, signataire du pacte républicain avec le RFD et l’INSAF, de jouer « le jeu du pouvoir pour écarter un candidat à la présidentielle ». Ses partisans espèrent que sa situation de « victime » suscitera un déclic et une vague de sympathies, comme lors de son emprisonnement à la veille des législatives de 2018 où il fut élu alors qu’il dormait en prison.
Une seule candidature unique possible…
L’AJD/MR a déjà désigné son nouveau président, monsieur Bâ Mamadou Bocar, pour le représenter à l’élection de Juin mais n’en plaide toujours pas moins pour une candidature unique de l’opposition. On en semble pourtant très loin. Il y a fort à craindre en effet que d’autres prétendants, éventuellement fantoches ou suscités, se déclarent sous peu, divisant celle-ci encore davantage, alors que tous les partis de la majorité présidentielle affichent, quant à eux, une coalition sans faille appelant le président de la République à briguer un second mandat. La messe semble donc dite. Sauf surprise de dernière minute des kakis, le président Ghazwani va rempiler pour un second mandat. En plus des préparatifs actifs de l’INSAF, le principal parti de ladite majorité, on assiste à de manifestations « spontanées » de soutiens et de ralliements au Président, dans la plus pure tradition des opportunistes de la galaxie présidentielle. Et plus on approchera de la date de dépôt des candidatures, plus le phénomène s'amplifiera...
Dalay Lam
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Encadré
===================La CENI déroule son agenda
Pendant que le landerneau politique s’agite à désigner et investir ses candidats à la prochaine présidentielle, la Commission électorale nationale indépendante (CENI) pose les jalons de cette échéance cruciale pour le pays et sa démocratie. Avant d’en fixer la date au 22 juin 2024, la CENI a procédé, avec les partis politiques, à une évaluation des élections municipales, régionales et législatives de 2023. Au cours de leur rencontre le 22 Janvier dernier, le président de ladite commission, Dah Abdel Jelil, a indiqué que les discussions avaient pour but non seulement d’évaluer les acquis des élections locales mais aussi d’anticiper l’avenir. Les débats furent sincères et constructifs.
Fidèle à son agenda, la CENI a fixé la date de l‘organisation du Recensement à vocation électorale (RAVEL) au 31 Mars courant. Essentielle au processus, cette opération qui se déroulera jusqu’au 15 Avril vise à mettre à jour le registre électoral et à s’assurer que tous les citoyens électeurs et éligibles sont enregistrés. La CENI a ensuite présenté les différents marchés relatifs à la préparation du scrutin : équipements et activités du RAVEL, acquisition de cartes d’électeurs pour les deux tours et location de voitures, en particulier pour les démembrements régionaux. Et de publier dans la foulée le 23 Février un communiqué annonçant le recensement en ligne du personnel de ses démembrements, une opération qui se déroulera jusqu’au 24 Mars courant.
Toujours dans le cadre des activités préparatoires, la commission a signé un accord d’appui au processus électoral avec le représentant-résident du Programme des Nations Unies pour le Développement (PNUD) en Mauritanie. D’un montant de trois millions de dollars, cet apport financier devrait permettre d’organiser des élections justes et équitables. Dans un mot prononcé à cette occasion, le président de la CENI a souligné les progrès visant à garantir la transparence et l’impartialité. Pour sa part, le représentant-résident du PNUD a exprimé l’intérêt des partenaires au rôle joué par la CENI et à son souci de susciter les plus favorables conditions possibles au déroulement des différentes étapes du scrutin électoral. On note enfin que, depuis le démarrage de l’agenda de la commission, ses locaux ne désemplissent pas, jeunes diplômés et retraités accourant pour obtenir des contrats d’embauche dans les divers démembrements.