Défis

21 February, 2024 - 18:33

Le monde contemporain traverse une phrase critique d'instabilité aggravée par de pressants défis d'intensité variant d'une zone à l'autre. Les mesures pour les endiguer ne sont pas encore au point ni même définis, dans la majorité de cas. Interconnectés et soumis à des faits glissant les uns sur les autres, ces pressions constituent une bombe á retardement qui menace l'existence même de l'homme.

Le premier défi dont personne ne semble se soucier, c'est celui du développement galopant des industries d'armement et des surcapacités techniques, en dépit de la chute drastique de la morale et de la conscience, mettant en péril l'humanité á la moindre faille dans la gestion des horribles armes de destruction massive : « science sans conscience n'est que ruine de l'âme »... Le développement industriel et technique a de surcroît accéléré le réchauffement climatique. Ce second défi pèse déjà sur la rareté des ressources hydriques et perturbe les écosystèmes terrestres et marins, impactant négativement les sources d'alimentation en plusieurs zones du Globe. L'eau est devenue source d’un conflit qui va prendre de l'ampleur au fur et à mesure qu'elle se rarifie.

L’exode des populations rurales vers les villes est devenu un phénomène récurent et quand les centres urbains débordent, la migration commence. Il s'agit là du troisième défi auquel tout le monde est aujourd'hui confronté. Une guerre civile menace ainsi au Texas, entre Républicains et Démocrates. Quant à l'Europe, elle tente, après avoir hermétiquement fermé ses frontières, de se décharger par tous les moyens de ce fardeau sur d’autres pays, en leur distribuant, par-ci, par-là, des miettes pour les inciter à accepter l'inacceptable.

Si l'Occident tient à recycler les émigrés en des pays qu’il a lui-même appauvris, il devrait commencer par leur renvoyer l'ascenseur. Vouloir implanter des émigrés accourus de partout dans les terroirs d’autres pays, c’est décider d’y relancer une nouvelle forme de colonisation. La fixation des flux migratoires dans un pays y entraîne l’écrasement de sa population authentique, comme on le voit actuellement à Gaza où le génocide est perpétré par une population qui était pratiquement inexistante en Palestine il y a soixante-quinze ans. Il nous faut du tact et de la vigilance : les plans du monde « libre et civilisé » sont cyniques et dangereux pour l'avenir de nos peuples.

Il est pourtant clair que la migration est une des conséquences des difficultés économiques. Toute solution visant à la réduire doit nécessairement passer par un partenariat économique fondé sur le respect, l'éthique et la bonne gouvernance pour s'engager dans la transformation des matières premières là où elles sont produites, afin d’y amorcer une dynamique de développement susceptible d'offrir des opportunités d'emplois, booster la valeur ajoutée et la richesse. Mais cette approche qui augmentera le profit de l’Afrique réduirait considérablement celui d’une Europe aguerrie au partage inégal. On comprend donc qu’aucune stratégie en ce sens ne peut être envisagée par ces donneurs de leçons : ils continueront à piller sans relâche nos ressources et refouleront nos ressortissants affamés par leurs « soins ».

 

Mohamed Ahmed Cheikh

Ingénieur de pêche