Chaque chose s’arrête quand elle atteint sa limite. Pour nous, les élections, c’est dans quelques mois. À peine six. Je dis ça parce que voici que le Sénégal – exemple, il y a peu encore, de sérénité démocratique – est en train de redevenir comme quasiment tous les autres pays d’Afrique. Encore une fois, feu Moktar ne savait pas si bien dire lorsqu’il signalait que « le pouvoir à un petit goût » dont il n’est pas facile de se défaire ni de se sevrer. Surtout pas toi, Macky, le médiateur infatigable pour le rétablissement de la légalité constitutionnelle partout où la mauvaise humeur des militaires a pris le dessus sur les très fragiles institutions ! Que de fois Macky se rendit au Tchad, au Niger, au Mali ou au Burkina pour essayer de convaincre les « mackysards » de rendre la main à ceux que le peuple avait librement choisis. Même pour nous – autrefois, pas maintenant… – lorsqu’un certain général débarqué « affola sa tête » en renversant un président démocratiquement élu, c’est chez Macky au Sénégal que nos affaires furent réglées. Rappelez-vous les fameux accords de Dakar, les Wade, Kaddafi, Jean Ping, Amamra, Sarkozy et j’en oublie. Où sont-ils tous ces gens qui nous obligèrent alors à « constitutionnaliser » un coup d’État ? Ceux qui nous ont fait avaler des couleuvres, au nom de je ne sais quel ordre à rétablir. C’est vraiment extraordinaire comment les choses peuvent changer du jour au lendemain ! Aujourd’hui, c’est la CEDEAO et le Monde qui demandent au chantre des bons offices de savoir raison garder et d’accepter de ne pas tripatouiller, s’iou plaît, la Constitution du Sénégal… Retournons à nos conseils des ministres, à nos litiges fonciers sur fond de tribus, communautés, groupes ou autres ! Les terres arables, chez nous, ne méritent pas toute cette grosse polémique. Pour une raison très simple : les avoir pour les laisser en jachère, c’est tout comme ne pas les avoir. Selon vous, combien de tribus y a-t-il en Mauritanie ? Bien sûr que la tribu, c’est tout le monde : les Beïdanes, les Harratines, les Forgerons, les Griots et les autres. Ses terres, ses cieux, ses animaux, ses bourses de voitures, ses ministres, ses députés, ses hommes d’affaires, ses généraux, ses poètes, ses joueurs de l’équipe nationale de football… Par exemple, Dellahi Yali, celui qui a marqué le but victorieux et historique contre l’Algérie, c’est quelqu’un de ma tribu. C’est important à savoir et c’est comme ça que les choses marchent dans notre pays. Les décomptes se font en considération de la tribu ou des points cardinaux (Est, Ouest, Nord et Sud), de l’ethnie ou de la communauté. Re-par exemple : combien y a-t-il de gens du Charg, d’Ehel Guebla et d’Ehel Essahel en notre équipe nationale ? Combien de kwars, de harratines, de griots, de forgerons ? De qui est cet homme d’affaires ? De quelle tribu, cette femme retrouvée morte dans une maison abandonnée ? Hartaniya, bidhaniya ou koriya ? Et cet imam ici ? Et toi là-bas, avec la charrette ? Le gérant de la station-service à côté ? Le propriétaire de la nouvelle quincaillerie du coin ? Le gardien de l’école, il est de l’Est ou de l’Ouest ? Les terres de R’kiz appartiennent à quelles tribus ? Et celles de Nouakchott ? Salut.
Sneiba El Kory