Ce matin, en allant au service, les Nouakchottois ont aperçu des agents de police en train de régler la circulation, en certains carrefours de la capitale. « Ils étaient visibles à Arafat, El Mina et Toujounine », affirment nos sources, « tandis qu’au centre-ville, les éléments du Groupement Général de la Sécurité des Routes (GGSR) montaient toujours la garde ». Cette présence vient confirmer des rumeurs qui faisaient état du retour imminent de la police dans la circulation urbaine. Ce corps, la fameuse « Routière » tant décriée, s’était vu délester de la régularisation du trafic, passé sous le contrôle du GGSR, il y a bientôt trois ans. Ce changement avait été bien accueilli par les automobilistes, particulièrement les taximen et les transporteurs interurbains que la police n’arrêtait pas de « harceler ».
Mais le GGSR, fondé comme pour caser certains étoilés, a vite montré ses limites. En dépit de son effectif et de ses moyens – il abénéficié, en un temps record, d’un équipement inouï – la circulation urbaine est devenue de plus en plus chaotique, tandis que plusieurs de ses membres se sont vus accusés de viol ou de corruption. Bref, les « Misgharou » ont vite déçu. La présence, en grand nombre, de ses éléments aux carrefours n’a pas permis de mettre de l’ordre dans la circulation. On les voit souvent débordés, aux heures de pointe. Les « Misgharou » manquent de rigueur et de maturité. Toutes choses qui avaient été également reprochées à la police, elle aussi qualifiée, par l’opinion, de « corrompue » et de «laxiste ».
Aujourd’hui, on se pose un certain nombre de questions : pourquoi ce retour ? Le GGSR, qui a fourni du travail à de nombreux jeunes mauritaniens, n’a-t-il simplement pas été à la hauteur ? Ou serait-il plutôt une victime de guerre entre chefs de corps ? Le nouveau DGSN l’emportant sur le commandant général du GGSR ? Il faut comprendre, ici, que le contrôle de la circulation urbaine rapportait des millions… La police aurait d’ailleurs récupéré le manque à gagner, accusent certains, dans la gestion de la sécurité des biens et des personnes à Nouakchott où la criminalité a atteint des proportions inégalées… Laxisme, voire complicités… Qu’espère-t-on, en la renvoyant à ses amours premières ? Quant au GGSR, sera-t-il dissous dans différents corps ou maintenu, avec une autre mission ? Il aura tout de même permis, à l’Etat, d’engranger d’importantes recettes, grâce à la vignette et à l’assurance. Les conducteurs sans papiers en règle redoutaient de les rencontrer.
Alea jacta est (le sort en est jeté) ! La brigade routière, jamais pressée de dresser les constats lors des accidents mais toujours prompte à tendre la main, pour fermer les yeux, va-t-elle changer de comportement ? Les tout prochains jours nous édifieront. En attendant, un taximan nous a crié, ce matin : « Au secours, la Routière revient ! »