Gorgol : L’ATPC en progression

5 February, 2015 - 01:33

Comme approche participative dans la lutte contre la défécation a l’air libre dont les conséquences sont très lourdes, en termes de santé publique, l’Assainissement Total Piloté par la Communauté (ATPC) est devenue un élément de base qui pousse les populations vers les rivages de la promotion de l’hygiène et des bonnes pratiques. Ligne directrice de la politique nationale du département de l’Hydraulique et de l’assainissement, l’ATPC occupe une place centrale, comme en attestent les différents programmes financés par l’UNICEF, la BAD, l’Agence Française de Développement et l’Union Européenne, comme le projet d’alimentation en Eau potable (PAEPA).

Depuis octobre 2011, ce programme ambitieux s’étend sur plusieurs localités de la wilaya du Gorgol, afin d’amener les populations rurales à changer et à se donner les moyens d’y arriver, par leur seule volonté. L’ATPC ne se borne donc pas à les inciter à construire des latrines mais vise, surtout, à susciter, en elles, sur la base d’une large et riche concertation, l’adoption des bonnes pratiques qui ont, à terme, une incidence sur la qualité de vie.

Au regard du succès, du moins de la compréhension exprimée par les populations, partout et selon les moyens, se dressent, à l’arrière des concessions, des latrines en pailles et bambous, alternative pour des populations qui se contentaient de se soulager derrière le buisson, à quelques mètres des bâtisses. Le comité de contrôle du PAEPA, composé de messieurs Salah Dine ould Babah, président du comité régional de suivi de l’ATPC et directeur régional de l’Hydraulique et de l’assainissement au Gorgol ; Saleck Sabou, coordinateur régional du Ministère des Affaires Économiques et du Développement (MAED) qui assure le secrétariat de la structure; Aly Gueye, coordinateur ATPC au Gorgol; et d’autres membres de la société civile et structures, comme la DRASS, le MASEF et la DREN; a exprimé, après cette première visite, toute sa satisfaction de ce début promoteur. Sans toutefois se complaire dans un optimisme démesuré. Le comité de suivi reste vigilant, quant a la pérennisation des résultats engrangés qui dépend, dans une large mesure des écueils, encore multiples, dans l’alimentation en eau potable, obligeant les populations de certaines localités à parcourir des kilomètres, pour se procurer le liquide précieux.

Nonobstant ses difficultés, le comité évalue à 242 le nombre de localités « fédales », c'est-à-dire « où les populations ont confectionné, librement, des latrines, avec tout le dispositif (eau, savon ou cendre), et où plus personne ne se soulage à l’air libre ». Fondé, entre autres, sur des critères relatifs au taux de fréquentation des latrines, ce statut n’est offert que par le comité de suivi, après visite validant les critères, avant de procéder à la reconnaissance officielle qui permet, par son caractère festif, de donner quitus au village en y implantant un tableau signalétique.

C’est dans le cadre de cette mission de suivi et de supervision que le comité a honoré, en Décembre et Janvier, les communes de Toufoudé Civet, Daw, Dolol et Sagné, communes qui regroupent seize localités adhérant à l’ATCP. La mission a constaté, tout au long de son parcours de Djame Weli, Arkoda, Awouro, Demba Ali, jusqu'à Tinali, en passant par Wojuru et Bambiyol, l’émulation des populations dans la confection des latrines, manifestant leur volonté de se conformer aux normes requises du statut « fédal ».

Au-delà de l’ATPC, les zones visitées partagent une même typologie précaire, caractérisée par l’absence d’infrastructures scolaires, sanitaires et, souvent, par des problèmes récurrents d’approvisionnement en eau, qui demeure leur problématique fondamentale. Des carences qui fragilisent les populations et situent ces localités en dehors du temps. Comme, par exemple, à Obbrega où les enfants, torses nus en cette période de grand froid et de vent, n’ont d’autre choix que de se résigner devant l’adversité de leur environnement sur lequel ils posent leur regard innocent qui en dit long sur les conditions encore difficiles de la simple survie, en ce pays dont d’autres s’emploient outrageusement à accaparer, sinon gaspiller, les richesses…

Conscient des enjeux, pour la réussite des différents programmes, à relever le niveau des localités visitées, le comité a tenu à mettre en confiance les populations, en leur promettant de transmettre, à qui de droit, les fortes doléances exprimées, çà et là. Au chapitre des réalisations, notons, déjà, que le programme PAEPA a permis à cent localités, supervisées par l’ONG Tenmiya, sur financement de la BAD, d’obtenir le statut «fédal ». Dix-neuf autres, relevant de la moughataa de Monguel, l’ont été sous la supervision d’Action Contre la Faim (ACF). La couverture de toute la wilaya demeure l’objectif de l’ATCP que viennent compléter d’autres projets, comme l’Aftout ech-Chergui qui prend en charge 436 localités, entre le Gorgol et l’Assaba, ou « Eau et assainissement Gorgol-Guidimakha », financé par l’Union Européenne et dont les activités sont organisées, par le GRDR, dans 35 localités.

 

Seybane Diagana de « Gorgol Expressions »