Ghazwani a-t-il réussit à inculquer l’État de Droit et la citoyenneté aux Mauritaniens ?

12 December, 2023 - 23:28

2024 approche à grand galop et toutes les perspectives semblent converger vers un second mandat de l’actuel Président. Mais qu’a donc accompli Ghazwani pour gagner la confiance ? Qu’a-t-il manqué de faire et chercherait-il un peu plus de temps pour le réaliser? Le chef actuel de l’État a d’abord montré, en laissant la justice poursuivre son prédécesseur sur l’origine et la source de sa fortune, que personne n’est au-dessus de la loi. Puis il a lancé un énorme chantier pour adoucir les impacts de la pandémie, de la guerre en Ukraine et de l’envolée spectaculaire des prix des produits de première nécessité. Il est donc légitime de dire qu’il n’a pas eu beaucoup de cadeaux durant son premier mandat. Mais il sut faire face à une fissure dans sa majorité, dès son premier jour à la présidence, par ce qu’on a appelé communément la « crise de la référence », et aux retombées d’une guerre lointaine qui a asséché les sources de financement. Il serait vraiment dur de ne pas penser à lui donner une seconde et dernière chance.

 Mais à quoi s’attend le citoyen lambda et qu’a gagné celui-ci depuis quatre ans ? Malheureusement, sans une volonté sincère de tous les acteurs de l’État – comme ce fut le cas en Égypte, quand l’armée propulsa un homme dynamique pour conduire les réformes ; ou en Tunisie, quand les forces de défense et les services de sécurité choisirent un professeur de Droit constitutionnel pour mettre fin à la corruption de la classe politique et aux foyers du vol organisé de l’État – il ne faut pas s’attendre à grandes choses.

2019 ne fut pas un bon départ. La Mauritanie venait d’expérimenter une abomination de la démocratie avec la suppression du Sénat. En effet, la démocratie est un produit importé et il est toujours dangereux de jouer avec un produit qu’on ne connaît pas. Dans sa conception initiale, c’est au peuple de choisir ses députés pour voter les lois, laissant à l’aristocratie féodale et au capital privé le soin de valider ce vote, dans une sorte de contrôle-équilibrage. Ce vide institutionnel dans la pyramide du pouvoir a multiplié les incertitudes et semé plus que jamais le doute sur l’avenir du pays. Ensuite, le refus de l’ex-Président de sortir sans bruit de la scène politique a poussé son successeur à gérer le pays avec une main ferme et à penser beaucoup avant d’agir.

Sauf quelques petites lacunes dans l’exécution des grands travaux publics, le pays va, en continuant avec Ghazwani, heureusement dans une voie qui peut être belle et bien exhausser les attentes de toutes les populations de la société mauritanienne. Et permettez-moi, pour conclure, un dernier vœu personnel : rétablissez le Sénat !L’Homme est par nature monarchiste et il ne faut pas le priver de ce rempart.

 

Habib Hamedy

Ingénieur