C'est qui le premier qui a inventé ces exécrables et indigestes visitations présidentielles ? Évidemment que Son Excellence monsieur le Président de la République n'a rien à voir avec cette exagération vieille de plusieurs décennies ! Les gens de Nouadhibou en goguette à Walata… Vous imaginez combien de kilomètres ces « péripatéticiens » ont dû « couper » pour assister à des choses qui ne les concernent pas ? « Nous allons où va notre Président » : qui donc a dit ça ? Les fameuses visitations qui se suivent et se ressemblent. Toujours le même mode opératoire, de 1985 à maintenant. Quand le Président doit se déplacer vers une wilaya ou une ville pour inaugurer ou déposer une première pierre ; quand il part en campagne ou pour toute autre raison : allez, hop, réunion avec le président du parti à Nouakchott ! Puis congé systématique de tous les cadres en quelconque relation, de près ou de loin, avec au moins les dix wilayas frontalières de celle qui fera l’objet de la visitation. Les bureaux se vident, les caisses aussi. La ville est envahie et c'est la mobilisation de pauvres populations honteusement séquestrées dans des camps de concentration. 

La présente visitation au Brakna se déroule exactement comme ça. QG des ministres : ici, chez un tout nouveau tout beau qui s'essaie encore au cinéma ; là, les « gens » d'un ministre débarqué il y a quelques mois et qui cherche à revenir ; à distance plus loin, les tentes pleines d'un autre ex-ministre qui vient juste de sortir de sales draps… C'est donc à qui mieux pour démontrer une allégeance intéressée à Son Excellence Monsieur le Président. Après, ce sont les longues files d'attente de plusieurs heures pour saluer le Raïs, « sortir » à la télévision lui serrant la main et souriant hypocritement, on ne sait pour qui. Et puis encore, la course-poursuite pour les traditionnelles audiences avec les groupes et les tendances, en tirant la couverture au risque de la déchirer. Et enfin l'après-visite ! Les prétendus cadres retournent d'où ils sont venus, dans l'espoir tacite que leur cinéma remporte une palme. Quant aux populations, elles pourront bien attendre en se gavant de mielleuses promesses qui n'engagent que ceux qui y croient ! Salut…​

Sneiba El Kory