Dans un communiqué rendu public le 21 Avril 2014, suite au refus du pouvoir d’accorder des garanties de liberté et de transparence pour l’organisation des élections présidentielles du 21 juin, le Forum National pour la Démocratie et l’Unité (FNDU) avait précisé qu’il ne se sentait pas concerné par cette échéance électorale. A cet effet, nous avions déploré et condamné l’attitude irresponsable du régime qui, après avoir convenu avec le Forum de l’ordre du jour d’un dialogue national destiné à créer les conditions consensuelles d’organisation de ce scrutin, s’est subitement rétracté et fermé la porte à toute perspective d’accord, préférant rééditer sa pratique de main mise totale sur le processus électoral expérimentée lors des dernières élections législatives et municipales.
Pourtant, la Plateforme du Forum portant sur les mesures d’apaisement et les garanties de transparence aurait non seulement permis d’organiser un scrutin libre et crédible, mais aussi substantiellement contribué à créer les conditions d’une sortie de la crise politique qui perdure depuis le coup d’Etat de 2008.
Devant le refus du pouvoir d’engager un dialogue sérieux, l’attitude responsable du Forum a donc consisté à s’abstenir de cautionner l’inacceptable mascarade en perspective.
Comme on pouvait s’y attendre, la drôle de campagne électorale sur fond de généralisation d’arnaque des « Initiatives / Moubadarat », d’extorsion des biens publics, de l’embrigadement de l’administration, des sociétés et agences publiques, de hauts responsables des forces armées et de sécurité, des hommes d’affaires et des Oulémas, ressemblait à un jeu solitaire d’un candidat n’ayant pour tout programme que les injures adressées au Forum. L’inféodation de la CENI et de l’ANRPTS au dispositif du président candidat a fait le reste (un fichier électoral sans rapport avec les standards internationaux, une campagne de mobilisation porte à porte menée par quatre cents ONG rémunérées par l’argent public, pour relayer l’unique slogan du président candidat : la Participation…).
Malgré tout ce tohu-bohu, l’électeur a fait défaut le jour du scrutin. En effet, le Peuple mauritanien a répondu massivement à l’appel au boycott prôné par le FNDU. On se rappelle des marches historiques organisées les 4 et 18 juin 2014, respectivement à Nouakchott et Nouadhibou. L’écho retentissant de l’appel du Forum a été entendu jusque dans la Mauritanie profonde. De fait, le constat est largement répandu que le jour du scrutin avait des allures de deuil sur toute l’étendue du territoire ! En désertant les bureaux de votes, le Peuple mauritanien a tout simplement refusé de continuer d’être infantilisé, manipulé.
Il ne restait donc plus à un pouvoir aux abois, sonné par la gifle populaire, qu’il venait de subir, que la fraude et le bourrage des urnes, en particulier dans les zones rurales, pour concocter un taux de participation que l’on connait (56,6%). Sans parler du score digne des pouvoirs totalitaires que le président candidat s’est lui-même attribué (81,89%) !
Compte tenu de cette chronique d’un putsch électoral annoncé, le Forum National pour la Démocratie et l’Unité déclare solennellement :
- Sa conviction que ces élections ne règlent en rien la crise politique en Mauritanie et que le pays reste toujours sous l’emprise d’un régime autocratique dont la nature n’a pas changé.
- Son constat que l’alternance par les urnes reste impossible sous le pouvoir de Mohamed Ould Abdel Aziz ouvrant dangereusement la voie à toutes les formes d’instabilité.
- L’absence de tout fondement démocratique et de toute légitimité au nouveau mandat de Mohamed Ould Abdel Aziz.
- Son rejet de ces élections et sa non reconnaissance de tous les résultats qui en découlent.
Le FNDU félicite chaleureusement le peuple mauritanien qui a fait preuve d’une grande maturité politique et l’exhorte à rester uni dans son combat pour le l’édification d’une Mauritanie unie, juste, démocratique et prospère.
Nouakchott, le 26 Juin 2014
Le Forum National pour la Démocratie et l’Unité