Depuis plus de trois décennies, le 28 novembre est devenu non plus la fête de l’indépendance comme le voulait les pères fondateurs du pays, mais désormais le symbole du fossé entre le pouvoir militaire et ses soutiens d’une part, et la majorité silencieuse du pays d’autre part.
En effet, un 28 novembre 1990, pour célébrer ce qui devait rester comme symbole de notre indépendance, le pouvoir raciste de Muawiya n’a trouvé rien de plus beau que d’offrir en cadeau au criminel président le sacrifice de 28 braves soldats noirs à la base désormais sinistre d’Inal.
Depuis cette date, pour les centaines de rescapés et les ayants droit des disparus, pour la majorité du peuple mauritanien épris de paix, de justice, d’égalité et d’unité, cette journée est désormais le symbole d’un deuil national.
Mais novembre 2023 marque un tournant historique dans ce symbole.
En effet, ce jour, décrété journée de solidarité avec le peuple palestinien par le pouvoir en réduisant au stricte minimum les activités de célébration, la mobilisation de milliards de nos pauvres ouguiyas au profit des palestiniens alors que les veuves, les orphelins et les déportés mauritaniens vivent dans le dénuement et le mépris total des autorités protectrices des criminels, le refus de la très grande majorité des députés de notre chambre d’enregistrement de prononcer la prière pour nos morts à Inal, tous ces actes ignobles sont devenus la preuve patente que le pouvoir qui a ainsi marqué sa préférence de l’autre au noir mauritanien, a failli à ses responsabilités de garant et de protecteur de la cohésion nationale.
Les arrestations arbitraires à Bababé, Aéré Mbar et Jowol ont fini de nous convaincre du reste. Le fossé est désormais un trou béant.
La CVE, fidèle à ses convictions, appelle le pouvoir à se ressaisir et à oser. Le règlement définitif et juste de la question du génocide contre les noirs mauritaniens est la seule garantie qui puisse empêcher le volcan d’exploser.
Ce qui se passe à nos frontières et au-delà en Afrique et ailleurs devrait nous servir de leçon. La Mauritanie ne mérite pas la soudanisation ou la somalisation même si désormais tous les ingrédients d’une exposition sociale et politique sont réunis.
La responsabilité est dans le camp du pouvoir.
Fait à Nouakchott
Le 28 novembre 2023
Le Comité de suivi de la CVE