« Les langues nationales seront enseignées à titre expérimental dès l’année prochaine dans les établissements d’enseignement », a annoncé le ministre mauritanien de l’Éducation nationale et de la réforme de l’enseignement, Moctar ould Dahi. L’Institut pour la promotion des langues nationales planche actuellement sur la préparation des conditions et la formation des enseignants afin d’entamer l‘expérience dans les délais fixés dans la loi d’orientation.
L'Assemblée nationale avait adopté en Juillet 2022 une nouvelle loi introduisant les langues nationales dans l'enseignement primaire mais le texte est contesté par la communauté négro-mauritanienne qui dit craindre que l'arabe ne lui soit imposé. Cette loi introduit pour la première fois l’enseignement scientifique au niveau primaire dans les langues maternelles, tout en imposant l'enseignement de l’arabe aux non-Arabes et au moins une langue nationale aux locuteurs arabes, selon des documents officiels. Le français continuera d'être enseigné à partir du Primaire.
Très virulente contre la loi d’orientation, l'Organisation pour l'officialisation des Langues Nationales (OLAN) n’a cessé d’estimer que « la Mauritanie prive, par cette loi, plusieurs franges de sa population d'un droit fondamental d'expression culturelle ». Et d’exiger « l'officialisation immédiate des langues nationales », tout en dénonçant l'article 65 du nouveau texte qui, selon elle, « consacre l'injustice linguistique dans le pays ». On notera ici ledit article 65 : « L'arabe est enseignée à tous les enfants dont elle n'est pas la langue maternelle comme langue de communication et comme langue d'enseignement ».
Pour rappel, l'enseignement des langues nationales s'est concrétisé par plusieurs phases dont la première s'étendit de 1982 à 1988, période au cours de laquelle le pulaar, le soninké et le wolof furent enseignés comme langues premières et véhiculaires d'apprentissage de toutes les matières durant tout le cursus des six ans de l'école fondamentale ; l'arabe y étant enseigné en tant que langue seconde. Malgré les appréciations globalement positives sur les travaux de l'ILN provenant du Bureau régional de l'UNESCO basé à Dakar et d'une commission technique du ministère de l'Éducation nationale qui eurent à mener plusieurs évaluations de ceux-ci, la mission dudit Institut s’acheva en 1999, alors que les commissions des langues pulaar, soninké et wolof étaient assez avancées dans l'élaboration de dictionnaires monolingues pour chacun de ces trois idiomes. En 1988, au plus fort de la contestation des FLAM contre la politique jugée ‘’discriminatoire et ségrégationniste’’ d’Ould Taya, son régime militaire avait mis un terme, en guise de représailles, à l’enseignement des langues nationales. Les élèves avaient alors été reversés dans les filières bilingues avec un taux d’échec cuisant.