Un officier de pêche fait une mise au point : ‘’Le bateau Ocean King n’a jamais fait l’objet d’une quelconque poursuite’’

1 February, 2015 - 16:26

 Dans un article intitulé « le ministre des pêches fait davantage ce qu’il a toujours fait » (sic) paru dans la presse la semaine dernière,  le cas du bateau Océan King a été évoqué de la façon la plus subjective et erronée possible. Le papier est  signé par un certain Cheikh Issa, un illustre inconnu, en fait un pseudonyme derrière lequel se cache un groupe mafieux qui a fait main basse sur le secteur des pêches par des pratiques tout aussi mafieuses basées sur le colportage de fausses informations et le chantage. Ce torchon, qui livre aux lecteurs des contrevérités flagrantes, en est la plus parfaite illustration. Le fait de signer par un nom d’emprunt enlève tout crédit à l’article. Soit parce qu’il sait que le brûlot est dénué de tout fondement, soit il manque d’assurance dans ce qu’il affirme. Ce qui ne le met pas à l’abri de poursuites judiciaires éventuelles.  Ensuite, c’est la deuxième fois qu’il utilise ce pseudonyme pour diffamer notre société. Nous comprenons ses motivations qui ne peuvent être que pécuniaires mais, au vu de ses commanditaires, il y a de fortes chances qu’il soit déçu sur ce plan.

Vous n’avez aucune idée de l’historique du bateau, ni  de ce qu’il pêche. Vous l’avez pris comme (mauvais) exemple pour faire le lien avec Nani Ould Chrougha alors qu’il a connu trois ministres avant lui. Le fait que son cas soit traité en ce moment où le ministre est en train de mettre en place une nouvelle stratégie basée sur les quotas n’est tout simplement pas innocent. Les intérêts de vos commanditaires  seront certainement touchés. Ne veulent-ils pas que le secteur reste leur chasse gardée ? Se cacher derrière un petit bateau, qui n’a rien de particulier et dont on n’a jamais parlé depuis 2001, et se taire devant  les marées rouges,  la société chinoise Polyhone Dong qui en a 100 comme lui et tous les dangers qui pèsent pour nos côtes, pour tirer sur le ministre, dénote d’une mauvaise volonté manifeste pour faire du mal. Dire que tous les problèmes du secteur  viennent d’un petit bateau comme celui là   est non seulement infondé mais tout simplement aberrant.

Vous avez dit que le bateau pêche le poulpe. Il n’en est rien. C’est un petit bateau pélagique de moins de 22 mètres qui pêche en Mauritanie depuis 2001. Il a fait un petit séjour en Espagne en 2012 pour revenir aussitôt dans les eaux mauritaniennes. Il n’a jamais été interdit de séjour en Europe, ni fait l’objet d’une quelconque poursuite ou arraisonné pour pêche illicite ou transport de clandestins. Depuis 2012, il porte une balise, prend les autorisations d’entrée et de sortie, débarque au Port et rapatrie les devises par l’intermédiaire de la banque Centrale. Il remplit ses journaux de pêche, contrairement à beaucoup d’autres qui déclarent la langouste sous forme de fausse pêche et ne rapatrient qu’une infime partie de leurs devises. Pire, au lieu d’aider le secteur de la pêche artisanale, et d’investir dans l’outil de production,  ils ont plutôt construit des usines, de connivence avec les acheteurs étrangers, pour tenir le petit pêcheur à la gorge et disposer de ses produits à leur convenance. L’argent ainsi récolté a été investi ailleurs, à l’étranger, dans les marchés, les hôtels, les appartements, les immeubles, les hôtels, les jeux de hasard etc.  Avec comme conséquence, un secteur qui reste à l’état embryonnaire alors qu’il emploie des centaines de milliers de personnes dans les pays voisins où les armateurs sont des professionnels et non des étrangers à la pêche.

Qu’entendez-vous par mauritanisation ? Des épaves que des étrangers ont retapés, en longueur et en largeur sans respect d’aucune norme internationale (ce qui peut provoquer des catastrophes humaines ou écologiques), avec une technique approximative  qui n’ont rien de mauritanien que le pavillon. La perte des ses caractéristiques techniques devrait entrainer le retrait de la licence.  On n’en a tiré aucun profit, ni aucune expérience et le produit de leurs marées reste à l’étranger. Si, véritablement, on peut parler de bateau étranger, c’est bien celui là.  Contrairement à l’affrètement qui devient plus mauritanien que ce genre de bateaux.  Le bateau étranger doit avoir un partenaire mauritanien à hauteur d’au moins 21%,  remplit les journaux de pêche, ce qui permet à l’Etat d’avoir une idée de l’état des stocks, porte une balise,  emploie 60% de nationaux, donne une valeur ajoutée au produit en débarquant au Port et rapatrie les devises. Pour avoir une idée de la situation, il suffit juste de faire une comparaison entre trois bateaux affrétés (Ocean King, Condor et Afela) et les navires prétendument mauritaniens (Merzoug, Kamour etc .) en ce qui concerne le respect des  cahiers des charges (fourniture des informations sur la production, le rapatriement des devises et l’emploi des marins mauritaniens) pour se rendre compte   que leur apport à l’économie n’est en rein comparable.

 Depuis l’arrivée de Nany Ould Chrougha, le secteur des pêches est désormais ouvert à tout le monde. Avant toute prise de décision, le ministre implique tous les services concernés et tient compte de leurs avis. Cette politique a touché beaucoup d’intérêts. Et il est humain que ceux qui faisaient de la pêche leur ‘’chose’’ créent tout un vacarme dans la presse, au parlement ou dans les coulisses pour faire fléchir le ministre et donner l’impression qu’il est sur la mauvaise voie. Vous évoquez le cas d’un petit bateau comme s’il s’agit d’une catastrophe et vous passez sous silence l’Atlantic Down, le monstre des mers, ou la société chinoise Polyhone Dong qui ont fait plus de mal aux ressources que tous les bateaux réunis.

 L’ouverture que vit le secteur actuellement fait que les opérateurs dépourvus de moyens comme moi sont désormais capables d’y travailler et d’obtenir des licences sans intervention. Ce bateau mauritanien à 100% a été acheté grâce à l’argent mauritanien investi sans garantie. Mon seul capital est la confiance placée en moi et la garantie que le ministère traite tous les citoyens sur un pied d’égalité. Sa vision holistique cherche d’ailleurs à traiter l’ensemble des dimensions suivant une approche globale et cohérente qui garantit l’atteinte des objectifs du secteur. Cette confiance dans le secteur et l’esprit d’initiative  font que tout un chacun peut investir. Ce que vous et vos semblables combattent pour que la pêche ne connaisse pas de sang neuf et reste l’apanage d’une poignée d’opérateurs. 

Enfin, une dernière question :  Vous êtes dans le secteur depuis les années 70. Qu’est-ce que vous en avez fait ? Où sont vos investissements ?  Pouvez-vous montrer  des réalisations équivalant rien qu’à 5%  des sommes que vous avez englouties ?  Il est temps que vous sachiez que l’impunité est finie et qu’on ne peut continuer à piller un secteur à son seul profit.

Quand la médisance atteint un tel degré, on ne peut que rester pantois devant tant de mauvaise foi.

 

El Bou Ould Bekar

Officier de pont de deuxième classe

Capitaine de pêche.