L'arme de communication pointée contre le monde arabo-musulman entraîne destructions et ravages partout : le moindre commentaire malveillant cuisiné par des renseignements étrangers suffit à déclencher des conflits armés entre nous. Chacun se souvient encore du déluge d’avis contraires qui accompagna la révolution islamique de Khomeïny en 1979, mettant en garde les pays du Golfe contre son expansion à la vitesse de la lumière jusqu’à englober toute la région et orchestrant en suivant une guerre meurtrière entre l'Irak et l'Iran, des années durant. Et de poursuivre, sitôt celle-ci achevée, sur les prétendues armes de destruction massive de l'Irak significatrices de sa « très probable intention » d'annexer les pays voisins et dont la seule hypothèse de l’existence suffisait à justifier l’anéantissement de ce pays. Les ondes de choc de ces deux conflits ont depuis fait rage partout au Yémen, en Syrie et au Liban, avec en permanentes étincelles les différences doctrinales entre Sunnites et Chiites, sans cesse attisées pour éreinter les uns et les autres.
Plus à l’Ouest, une même campagne destructive s’est appesantie sur la Libye et se joue actuellement au Soudan dans une absurde conflagration menaçant ses voisins. Cette région qui détient le record mondial d'importation d'armes ne semble penser qu’à s'autodétruire et subit la gangrène de groupes terroristes particulièrement actifs sitôt que s’affirme une présence militaire étrangère…puisque c'est d’elle qu’ils reçoivent financements et encadrements ! Et, plus près de nous encore, que dire des bisbilles quasiment quotidiennes entre le Maroc et l’Algérie ?Autant de vases communicants générateurs de chaos accentuant les déchirures sociales et émiettements du monde arabo-musulman déboussolé et sans plus d’ambitions.
Décideurs politiques dévalués
Si certains de nos dirigeants osaient encore évoquer, au début de ce siècle, le devoir du monde arabo-musulman à libérer la mosquée Al Aqsa et la Palestine, proclamant l'impérieuse nécessité de renforcer notre unité à cette fin, il n'en est hélas plus question aujourd'hui. On en est odieusement venu à considérer en agresseurs les Palestiniens vivant sous l'occupation coloniale et en état de légitime défense les colons juifs dotés de toutes sortes d'armes, toujours prêts à tirer à bout portant sur les enfants de nos frères oppressés !
Voilà qui prouve malheureusement combien les décideurs politiques du monde arabo-musulman sont dévalués et leurs légitimes ambitions à ce point amenuisées qu’ils ne peuvent, même en dormant, rêver d'une possible victoire sur les atrocités et les injustices. Le plus grand paradoxe réside en ce que certains de nos pays confient leur sécurité à des pays étrangers qui ne semblent, eux, pouvoir trouver la leur que dans notre extinction.
On entend prôner haut et fort le caractère universel des accords d'Ibrahim (PBL) – variante modernisée de la paix entre toutes les religions du Livre– alors qu’il ne s’agit que d'un humiliant alignement sur l'occupation sioniste et d’une validation définitive de ses plans stratégiques, religieux et politiques visant à boucler la question d’Al Aqsa et de la Palestine, avec le consentement de certains et le silence des autres. Un abrutissement que viennent généraliser la restriction des prêches dans les mosquées et les investissements faramineux dans le football, via de mirifiques contrats avec ses stars, qui auraient dû être investis dans le développement des capacités de nos pays afin de réduire leur dépendance de monde non-musulman.
Telle est l'amère réalité : notre communauté si riche d'énormes potentialités demeure en panne d'initiatives pour résoudre le moindre différend entre ses membres. Quant à sa capacité de mutualiser des moyens en temps de paix ou de guerre –et même en cas de catastrophe naturelle – cela paraît actuellement relever de l'impossible. Il ne resterait donc plus que le pardon de Dieu pour nous extirper d‘un tel sort de mépris et de soumission ? Prions-Le pour qu’émergent enfin des hommes capables de relever les défis et rendre ainsi à notre Oumma sa suprématie dans ce monde sans pitié pour les faibles !