BRÈVES D’AILLEURS: Racisme ou sécurité?

4 October, 2023 - 17:33

Francophones, les rédacteurs de votre journal préféré « Le Calame » et, surtout, leurs centres d’intérêt sont quasiment toujours mauritaniens. Par quels étranges chemins internautes, Oxana Verenshuk, une jeune ukrainienne de 27 ans exilée à Paris – suite à la « détestable » guerre, dit-elle, qui meurtrit sa patrie – s’est-elle donc trouvée à nous proposer son concours ? Ses études journalistiques à Kiev, peut-être… Mais si cette collégialité a certainement joué dans notre réponse positive, c’est à vous, chers lecteurs et lectrices fidèles à notre ligne éditoriale, qu’il reviendra de mesurer ce qu’apporte – révèle ? – les propos de la demoiselle à celle-là. Bonne lecture ! 

« Si tu diffères de moi, mon frère, loin de me léser, tu m'enrichis. » (Antoine de Saint-Exupéry). On pourrait qualifier les immigrés d’invités. Mais beaucoup d’évènements relatifs à leur situation donnent à réfléchir. La quasi-coïncidence de l’attentat d’Annecy, le 8 juin 2023.et des émeutes consécutives à l’assassinat du jeune m’a ainsi profondément choquée. À peine arrivée en France et encore confrontée au problème d’une clandestinité que je n’avais pas eu le temps de choisir, il me fallait vivre, dans le regard d’autrui, les hiatus entre ici et là, hier et demain, le coutumier et l’étrange, l’adaptation et le rejet… 
L’incompréhension génère des peurs et les peurs, des violences. Que pouvons-nous faire pour aider les uns et les autres, nos proches et les plus lointains à vivre en bonne intelligence ? Mais la vie des gens ne peut en aucun cas servir de monnaie d’échanges. « Pardonnez une fois et vous êtes généreux ; pardonnez deux fois et vous voilà imbécile. », affirme ainsi une célèbre sentence. De quoi certes alimenter le débat politique : contrairement à Emmanuel Macron qui s’efforce de perpétuer la tradition d’hospitalité de la France, Marine le Pen est bien connue pour son opposition à l'immigration et sa défense de la priorité nationale. À cet égard, on peut tout aussi bien l’accuser de racisme que saluer sa volonté de protéger son pays et son peuple.
Je suis pour ma part infiniment reconnaissante à la France et à ses nationaux de m'avoir acceptée sur leur sol et permis d’y vivre. Ce sentiment guide mes pas en cette terre étrangère et j’en suis d’autant plus amère lorsque j’apprends que tel ou tel de mes compatriotes a commis quelque chose d'illégal dans le pays qui l’a adopté. Nous cherchons, tous, ici et là, nationaux et immigrés, la même sécurité qu’une seule brebis galeuse suffit à miner. Faut-il pour autant l’exclure du troupeau ? N’est-ce pas là précisément la semence de la guerre que je déteste tant et qui m’a obligée à quitter ma terre natale ?

Oxana Verenshuk