La semaine dernière, le président de la République est sorti du Palais. Pas pour faire un tour en ville mais pour constater de visu la situation de plusieurs projets structurants lancés sous son magistère, comme le fameux pont d’El Hay Sakin qui a déjà fait couler beaucoup d’encre. Il a failli sortir de ses gonds lorsqu’il s’est rendu compte par lui-même de la lenteur d’exécution des travaux. Il était au bord de la crise de nerfs et il y a de quoi. Le laisser-aller dans l’attribution et l’exécution des marchés publics est devenu endémique. De sources officielles, plus de cent connaissent des retards. Certains n’ont même pas connu le moindre début d’exécution malgré les décaissements, d’autres sont mal réalisés et en dehors de tout contrôle. L’État perd chaque année des dizaines de milliards ainsi partis à vau-l’eau. Il suffit de voir la route Boutilimit-Aleg : aussitôt finie, aussitôt détériorée. Les exemples ne manquent pas. Et malgré les alertes et autres mises en garde, l’Etat n’a toujours pas sévi contre ces entreprises. Aucune n’a été pénalisée ni blacklistée. Elles continuent même à soumissionner et à gagner de nouveaux marchés. C’est à se demander qui les protège. La dernière sortie du Président et ses reproches sonneront-ils le glas de telles pratiques assassines de notre développement ? Arrêteront-ils la saignée ? Difficile de répondre par l’affirmative : ce pauvre pays qui a tant besoin de ses maigres ressources n’est pour ces prédateurs qu’une vache à lait et les complicités ne manquent pas pour leur faciliter la tâche…
Ahmed ould Cheikh