Le Calame : Le délai de dépôt des dossiers pour l’appui à la presse vient d’expirer ce vendredi, 15 septembre 2023. Chaque année, ce sont des centaines de prétendants qui se manifestent. Que pensez-vous de cette aide à la presse? Le SJM est-il associé à cette répartition ?
Ahmed Taleb Maaloum : Le délai imparti pour recevoir les dossiers des organismes de presse sollicitant le soutien du Fonds de soutien au journalisme privé est forclos. Il s’agit d’une procédure annuelle de routine en vigueur depuis près d'une décennie.
Pour bénéficier de cet appui, des conditions sont requises, que certaines institutions médiatiques tardent parfois à remplir, ce qui les conduit à se tourner vers le Syndicat des Journalistes Mauritaniens pour le faire intervenir aux fins de proroger le délai de dépôt des dossiers, afin que ces institutions remplissent les conditions stipulées à cette fin.
C'est ce qui nous contraint, au sein du syndicat, à adresser une demande à la commission de suivi pour proroger de deux ou trois jours le délai de dépôt, malgré le désagrément causé aux institutions qui ont achevé la procédure dans les délais.
Au Syndicat des Journalistes Mauritaniens, nous communiquons régulièrement avec la Haute Autorité de la Presse et de l'Audiovisuel et le Comité de Gestion du Fonds de Soutien à la Presse Privée, afin d'orienter certaines demandes des journalistes portant par exemple sur le soutien aux personnes gravement malades ou l’appui à certaines familles de journalistes décédés, mais aussi pour pourvoir aux besoins de formation des journalistes.
Dans ce contexte, nous tenons à exprimer, au nom des membres du Syndicat des Journalistes, nos remerciements et notre gratitude au président de la Haute Autorité de la Presse et de l'Audiovisuel, Dr. Houssein Ould Meddou, pour avoir toujours réagi positivement à notre égard.
De manière générale, nous apprécions le soutien public annuel accordé à la presse privée, même s'il est encore insuffisant pour répondre aux besoins et aux exigences des institutions journalistiques privées.
-La presse mauritanienne souffre de multiples maux dont le manque de professionnalisme. Qu’est-ce que le SJM fait pour contribuer à remédier à cette situation ?
-Vous savez que le domaine de la presse souffre de plusieurs problèmes, au premier rang desquels figure le manque de professionnalisme, d'autant plus qu'il n'existe pas d'instituts ou de centres spécialisés dans le domaine journalistique en Mauritanie.
C'est pourquoi nous, au sein du syndicat, avons cherché à offrir des opportunités de formation à certains journalistes en partenariat et en coordination avec certains organismes locaux et internationaux. Il en est ainsi de la formation conjointe menée avec la Chaine Al Jazeera au profit de dizaines de journalistes, mais aussi avec l'UNESCO et la Fédération internationale des journalistes...
Dans ce cadre, nous avons cherché à signer des conventions de partenariat avec le Syndicat National de la Presse Marocaine et le Syndicat des Journalistes Tunisiens.
Nous sommes actuellement en communication constante avec la HAPA afin d'organiser des formations pour la presse régionale.
-Pour sortir la presse de léthargie, le président de la République avait institué une commission de réforme dont le rapport a été déposé il y a plus d’une année. Avez-vous été sollicité par la commission ? Que pensez-vous de ces recommandations ? Laquelle vous paraît la plus urgente à mettre en œuvre?
-La décision de former un comité de réforme de la presse par la Présidence de la République est l'une des décisions historiques les plus importantes prises en matière de réforme du secteur de la presse.
En effet, ce comité a accompli un travail considérable, depuis la consultation des journalistes et des organismes de presse jusqu’à l’élaboration de son rapport, qui a constitué un tournant dans l’histoire du domaine, compte tenu de l’importance des recommandations contenues dans ce rapport, recommandations dont nous avons récolté une partie des fruits.
Nous attendons toujours de voir d'autres problèmes importants du secteur trouver leurs solutions, avec en tête la professionnalisation du secteur par la promulgation de la loi sur le journaliste professionnel.
-Vous êtes à la tête du SJM depuis plus de 2 ans. Quelle évaluation vous faites de la situation de la presse mauritanienne ? Qu’avez-vous fait comme travail pour contribuer à améliorer la situation des médias mauritaniens ?
-Au sein de l'actuel bureau du Syndicat des Journalistes, nous avons pris nos fonctions syndicales il y a plus de deux ans, et notre évaluation de la situation de la presse nationale peut se résumer en ceci : la presse souffre de problèmes divers et multiples, dont les plus importants sont d’ordre professionnel et économique...
En comme contribution du syndicat pour surmonter certains de ces problèmes, nous avons adopté une politique fondée sur la concertation avec toutes les parties prenantes pour établir un diagnostic précis de la situation, et rechercher, avec les partenaires, les voies et moyens propres à faire face à ces défis...
-Quel sentiment vous anime, quand vous entendez les journalistes mauritaniens traités de « Peshmerga » ?
-Je suis désolé, ou plutôt je ressens beaucoup de mal lorsque l’on colle à la presse et au journaliste certains vieux clichés. En fait, la mission du journaliste est on ne peut plus noble. C’est le quatrième pouvoir, qui a pour rôle le contrôle de l’action des trois pouvoirs constitutionnels. C’est dire son rôle central dans l’information du public, son éducation et sa conscientisation. C’est vraiment dommage de limiter cette profession à ces clichés réducteurs sans aucun rapport avec le métier.
C’est le lieu pour toutes les parties concernées par la presse et les acteurs du domaine de contribuer efficacement à faire en sorte que notre presse nationale se tienne sur ses deux jambes et arrive à mener à bien sa noble mission.
Propos recueillis par Dalay Lam