Le mécontentement populaire enfle à l'encontre de cette énième opération de recensement pour l'octroi de pièces d'état-civil déclenchée depuis juin 2023 par la mise sur pied tapageuse de " commissions locales" de recensement.
Une promesse et une menace étaient à la base de cette opération. La promesse ? Tous ceux qui pouvaient prouver leur filiation mauritanienne allaient être sans retard, recensés et se verraient délivrer les précieux documents qui leur étaient jusqu'alors refusés.
La menace ? L'opération allait se dérouler jusqu'en décembre 2023, date à laquelle tous ceux qui n'auront pas été recensés ne le seront plus...
Au rythme et à la manière dont elle se déroule, il est clair que très peu de gens issus le plus souvent des communautés marginalisées et discriminées le seront. Ce que montre la pratique à l'intérieur du pays surtout le long du fleuve, c'est qu'il y a une telle lenteur dans ce recensement qu'il faut des années pour recenser les populations en détresse devant des bureaux de recensement souvent hargneux et toujours prompts à renvoyer les demandeurs et leurs témoins, en violation flagrante des dispositions légales et réglementaires ( dont l'arrêté de juin dernier). En 2 mois, pas plus de 200 recensés dans tout le Gorgol d'après son Wali...
Les recensements sont littéralement arrêtés dans de nombreux villages pour les prétextes les plus divers dont le plus courant est...l'absence de réseau ou le renvoi dans d'autres bureaux ailleurs dans le pays. On est sûr et certain que très peu de personnes auront leurs pièces d'état-civil d'ici décembre. Ce sera donc la menace qui va tomber : des dizaines de milliers de personnes, en général négro-africaines continueront de " vivre" comme des réfugiés sans papiers dans leur propre pays. En dépit des promesses de la régularisation de leur situation et de la volonté affichée par les plus hautes autorités de normaliser le statut des citoyens en octroyant à chacun son droit élémentaire de disposer de ses titres d'état-civil....
La question simple est la suivante : la poursuite de la tragédie du refus systématique de recenser les gens même accompagnés de leurs témoins et de leurs preuves documentaires découle-t-elle de la mal gouvernance ou est-ce une volonté délibérée de poursuivre et même d'amplifier la politique malfaisante de la décennie passée en matière d'enrôlement des citoyens ?
Gourmo Lô