Cortège funeste sur le chemin de la terre promise
Un sinistre décompte ne cesse d’alourdir le chemin vers l’eldorado américain. Le long des routes migratoires, de nombreuses personnes subissent des accidents et des dommages corporels. Séparées de leur famille, victimes d'extorsions et de violences, elles subissent de difficiles conditions d’existence, disparaissent parfois, sont tuées ou meurent de diverses maladies. Beaucoup de victimes invisibles, au final.
Après les rapts des gangs mexicains, c’est la mort qui s’invite. Des familles mauritaniennes ne cessent d’être endeuillées après avoir investi tout leur patrimoine pour leurs candidats à l’émigration vers les USA. Des chômeurs mais aussi des cadres d’entreprises privées ou de la fonction publique et de nombreux sportifs en activité ont tout abandonné, collectant trois à quatre cent mille MRU pour de « meilleurs lendemains ». Des rêves auxquels de plus en plus de jeunes mauritaniens sacrifient jusqu’à leur vie. La dernière victime connue est Salif Ba, 35 ans, natif de M’Bahé (département de M’Bagne). Le jeune commerçant est mort à l’arrivée au Mexique du bus qui le transportait. Se plaignant d’un malaise à la poitrine et de maux de tête, il est tombé par terre et y a rendu l’âme.
En Juillet dernier, un jeune originaire du village de Wali Diantang (département de Maghama), Moussa Diallo, 33 ans, est décédé au Mexique, suite à l'accident de son bus tombé dans un ravin. En Juin, c’est à une crise cardiaque qu’Oumar Babou succombait dans l’avion qui l’amenait au Nicaragua. Au début de cette même année, un jeune policier était renversé mortellement par un véhicule à Mexico. Ces derniers mois, les rapts se sont multipliés. Les bandits mexicains se sont tournés vers les migrants, proies on ne peut plus faciles, pour les détrousser, quand ceux-ci ne se retrouvent pas abandonnés en plein désert par leurs passeurs. Un nouveau business des voyous. La semaine dernière, les autorités mexicaines ont retrouvé dix-neuf mauritaniens au sein d’un groupe de quarante-six personnes séquestrées dans une maison située dans la ville de Sonoyta, au Sud de la frontière américano-mexicaine. D’autres arrivent à destination épuisés, fauchés et contraints de dormir sur les trottoirs, faute de lits dans les centres d’accueil saturés… en attendant le fameux sésame.
La famille de feu Mohamed Lemine ould Samba réclame justice
La famille de Mohamed Lemine ould Samba, tué le 30 Mai à Boghé, continue de réclamer justice pour leur fils. Les proches de celui-ci ont ainsi tenu un sit-in devant le ministère de la Justice à Nouakchott, lors d’une manifestation de protestation contre le décès du jeune Oumar Diop. Le frère aîné de Mohamed Lemine a déclaré qu'ils étaient déterminés à poursuivre leurs actions dans cette affaire jusqu'à ce que le tueur soit arrêté, appelant tout le monde à se tenir à leurs côtés.
Lors d’une conférence de presse tenue en Juin dernier, la famille d’Ould Samba révélait avoir subi d'énormes pressions de la part de l'État. Selon le frère du défunt, le procureur de la République et le gouverneur du Brakna leur avaient, dès les premières heures suivant le drame, enjoint de « ne pas faire un boucan autour du meurtre de leur fils », arguant que « son ce cas n'avait rien à voir avec celui de Souvi ». Trois mois plus tard, le porte-parole de la famille est revenu sur le « traitement indigne » – selon ses propres mots – concernant l'enterrement de Mohamed Lemine. Il a martelé que les revendications de la famille étaient plus que jamais d’actualité, exigeant tout simplement la « justice pour leur fils ». Ce dossier est devenu national », poursuit-il, « tout mauritanien épris de justice devrait se joindre à eux pour demander que la lumière soit faite. » Et l’on doit ici souligner, à l’appui de cette requête, qu’en dépit de la promesse faite par le ministre de l’Intérieur et de la Décentralisation, monsieur Mohamed Mahmoud ould Mohamed Lemine, d’ouvrir une enquête judiciaire afin d’établir la vérité, rien n’a été effectué à ce jour pour apaiser le ressentiment de cette famille endeuillée.