Maitre Juan Branco, avocat, membre du collectif de la défense de l’opposant sénégalais, Ousmane Sonko, a été arrêté et déposé après minuit le 5 août 2023, à la Maison d’Arrêt et de Correction de Rebeuss, a quelques encablures du Palais de Justice de Dakar, selon une note de maître Ciré Clédor Ly, avocat, également membre du collectif de défense de l’opposant sénégalais. Ce document revient sur les conditions d’interpellation de maître Juan Branco « sur la base d’un mandat d’arrêt international, il aurait été selon lui, kidnappé, sur le territoire mauritanien à près de 100 kilomètres de la capitale, Nouakchott, par des hommes en cagoules sans aucun signe distinctif et qui l’ont blessé aux poignets ».
L’avocat français a été présenté devant les limiers de la Division des Investigations Criminelles (DIC). Maîtres Ciré Clédor Ly et Abdi Nar NDiaye, attendaient dans les locaux de la DIC « pour assister maitre Branco, surveiller la procédure et relever les irrégularités éventuelles. Mais il a décidé de garder le silence et n’autorise personne à l’assister, aussi bien durant la phase procédurale de notification du mandat d’arrêt, que devant le juge d’instruction du 2é cabinet du tribunal de grande instance Hors Classe de Dakar, qui a ouvert une information judiciaire ».
Une enquête à travers laquelle le magistrat instructeur vise 4 infractions: « l’attentat-article 72 du Code Pénal (CP), le complot-article 73 du Code Pénal (CP), la diffusion de fausses nouvelles-article 255 du Code Pénal (CP), actes et manœuvres de nature à compromettre la sécurité publique ou à occasionner des troubles
politiques graves-article 80 du Code Pénal (CP). La première infraction est punie de la réclusion criminelle à perpétuité ».Maître Branco a gardé le silence devant le juge d’instruction et décliné l’assistance de ses collègues sénégalais, qui ne pouvaient ainsi aller à l’encontre de sa volonté.Un collectif de défense composé d’avocats français, a dénoncé son arrestation en Mauritanie, l’extradition vers le Sénégal, et exigé sa libération, à travers un communiqué publié samedi soir.
Curieuse attitude de la part du jeune avocat franco-espagnol : venu en terre africaine, défendre un homme politique « victime de harcèlement judiciaire » alors qu’il était visé par un réquisitoire du procureur de la République, aux fins de décernement d’un mandat d’arrêt international, il est effectivement interpellé le samedi 05 août en terre mauritanienne et livré à la police sénégalaise.
Déféré devant un juge, il décline l’assistance immédiate de ses éminents confrères sénégalais, en attendant l’inévitable arrivée de l’armada judiciaire venant du pays de Marianne.Ce nouvel épisode renvoie à la question de la démarcation entre l’exercice légal de l’office d’avocat et l’engagement dans l’activisme politique chez maître Juan Branco. Une attitude qui alimente une certaine forme de confusion des genres à l’origine de ses déboires judiciaires au pays de la « Teranga» dont il présente le régime comme « une des pires dictatures de l’histoire » du continent africain.Une Afrique au parcours pourtant hanté par des crimes politiques d’une extrême gravité (terrorisme, exécutions extra- judiciaires en public, crimes de masse ciblant des composantes ethniques, génocides).
AS
Il y a quelques semaines, un ancien fonctionnaire devenu conservateur de bibliothèque, Ahmed Mahmoud ould Mohamed, dit Gmal, publiait sur Facebook un post au titre évocateur : « La mémoire en décharge : quand les archives nationales finissent dans les ruelles de Nouakchott ».