La nécessité impérieuse de répondre à la demande nationale d’énergie, les limites des sources fossiles de celle-ci et l'augmentation conséquente des problèmes environnementaux ont poussé le gouvernement à investir dans le secteur des énergies renouvelables, sources inépuisables et propres en plus d'être locales. Elles permettent d'envisager une réelle indépendance énergétique et d'éviter les chocs économiques soudains résultant de la hausse ou de la baisse soudaines des prix du pétrole. Malgré les capacités et les ressources variables de notre pays, l'option des énergies renouvelables et la diversification de leurs sources paraissent incontournables si l’on veut parvenir à un développement durable.
Malgré l'importance économique et environnementale de ces sources renouvelables, le processus de transition à partir de leurs homologues épuisables (pétrole et gaz naturel) n'est pas, pour notre pays, une tâche facile, tant sur les plan économique et financier que technologique et même politique. Si le développement de cette nouvelle approche est assez avancé en de nombreux pays du monde, il l’est beaucoup moins chez nous, comme d’ailleurs en de nombreux pays arabes et du Tiers-Monde. Notre pays n’en a pas moins développé plusieurs stratégies liées aux conditions et capacités à promouvoir l'utilisation des technologies des énergies renouvelables, en fixant des programmes et des objectifs avec des échéances précises, malgré les nombreux défis auxquels ils peuvent être confrontés.
Energies non polluantes
Sur la base de ce qui précède, la problématique suivante peut être posée : dans quelle mesure la stratégie de notre pays peut-elle réussir à développer l’usage des énergies renouvelables et accroître leur contribution au bilan énergétique, compte-tenu de l’actuelle prédominance quasi-absolue des énergies traditionnelles ? Afin de répondre au problème, nous aborderons notre recherche selon trois axes principaux : introduction aux économies énergétiques ; potentiel des énergies renouvelables et sa place dans le bilan énergétique de notre pays ; perspectives d'avenir de leurs technologies.
L'énergie renouvelable est celle générée à partir d'une source naturelle inépuisable, disponible partout à la surface de la terre et facilement convertible en énergie. Pérennes et respectueuses de l'environnement, ces énergies se distinguent de leurs homologues non renouvelables, autrement dit limitées et épuisables, stockées le plus souvent sous le sol et qui ne peuvent être utilisées qu'après intervention humaine pour les en extraire. En outre, les déchets de celles-ci polluent l'environnement, tandis que celles-là sont propres et non polluantes.
On divise les énergies renouvelables en deux parties : dites « conventionnelles », les premières relèvent de la biomasse : bois, résidus de cultures agricoles et déjections animales ; et de longue date à usages domestiques, notamment en tant que combustible de cuisine. Cette biomasse occupe une position particulière en raison de son importance extrême dans les pays en développement. La majorité de leurs populations en dépendent quotidiennement, surtout dans les pays chauds et humides où la végétation est abondante. Les secondes s'appuient sur une technologie de pointe et des équipements complexes pour produire de l'énergie électrique et thermique. L'intérêt mondial à leur égard a débuté après la première crise énergétique de 1973 et s’est concentré sur six de leurs manifestations : solaire, éolienne, hydroélectrique, géothermique, marémotrice et biocarburants.
La Mauritanie a élaboré une stratégie dite « Vision 2030 »visant notamment le 0 % d'émissions de carbone à partir de 100% d'énergies renouvelables. Un ensoleillement pratiquement constant et des vents soutenus toute l’année, 750 kilomètres de vagues déferlantes sur les rives de l'océan Atlantique : telles sont les capacités naturelles de la Mauritanie à cette fin. Mais ce n’est que tardivement que nos gouvernants ont pris conscience de ce fabuleux potentiel : il y a une dizaine d'années encore, parler d'énergies renouvelables ne faisait pas partie des politiques générales de développement du pays qui souffrait pourtant à subvenir à ses besoins.
Il y a à peine sept ans, l’État inaugurait la centrale solaire photovoltaïque Sheikh Zayed à Nouakchott. Elle produit aujourd’hui 15 mégawatts. C’était à l’époque le plus grand projet d'énergie solaire en Afrique et de la première centrale solaire à produire de l'électricité à l'échelle des installations du pays dont la capacité du réseau électrique atteint 25.409 mégawatt/heure par an. Les énergies renouvelables en Mauritanie ont stimulé les performances du mix électrique et cinq projets importants actuellement en exploitation ou en préparation nous donnent à attendre d’heureuses performances énergétiques propres.
On peut donc dire que la Mauritanie a réalisé dans les faits un bond en avant dans le taux de contribution des énergies renouvelables au cours des dernières années, passant de 0% en 2008 à 38% ces derniers temps, et les susdits cinq projets devraient singulièrement l’augmenter. On l’envisage atteindre 50% d'ici la fin de la décennie en cours. (À suivre).
* Ingénieur
Chef du service Études et développement
Établissement portuaire de la Baie du repos (Nouadhibou)