L’industrie aérienne est devenue une vache à lait trop souvent mise à contribution, notamment en raison des taxes qui n’ont rien à voir avec les voyages, telle que la taxe du parlement, ou la taxe destinée au développement des pays du tiers monde, ou celle de l’environnement, etc. Ces taxes collectées par les compagnies aériennes et reversées aux Etats passent «discrètement», sans que le citoyen lambda s’en rende compte. Les gouvernements se plaisent de plus en plus à grever les billets de toutes sorte de taxes… on parle d’une imminente taxe de l’union africaine…
Quant aux redevances et surcharges qui renchérissent le prix des billets d’avion, il s’agit, tout simplement, d’un fourre-tout, auquel les gouvernements n’accordent aucune importance. Les compagnies les manipulent comme ils veulent. Cette rubrique de surcharge comporte les charges d'aéroports, les taxes environnementales, l'entretien des compagnies, etc.
Depuis quelque temps, les compagnies aériennes ont ajouté une surtaxe correspondant aux augmentations imprévisibles du kérosène, qu’elles ont répercutée rapidement et facilement sur le prix des billets.
Pour illustrer l’importance des taxes et surcharges carburant, que nous payons, en voyageant par avion, nous prenons deux exemples, celui d’un passager voyageant sur Dakar et un autre qui voyage sur Paris en aller et retour.
La décomposition du prix d’un billet d’avion aller-retour sur Dakar :
Un aller et retour sur Dakar coûte Cent Dix Mille Cinq Cent Quarante Ouguiyas (110.540) dont Dix neufs Mille Cinq Cent (19.500) pour le transport proprement dit et Quatre Vingt Onze Mille Quarante (91.040) sous forme de taxes: c’est exorbitant. Ci-dessous, la liste des taxes que vous payez en voyageant sur Dakar.
Taxes pour un aller-retour sur Dakar
Montant
Code
Origine de la Taxe
Taxe de la Société Mauritanienne des aéroports (SAM)
3000
MR
SAM
taxe de dimension
200
MR
Etat Mauritanien
taxe du parlement
6000
MR
Etat Mauritanien
Taxe de sécurité
2860
YR
ANAC Mauritanie
Taxe de l'aviation Civile
6100
HO
ANAC Mauritanie
Taxe de l'ASECNA
12650
ZI
ASECNA
Taxe de sécurité
2180
DF
Etat Sénégalais
Taxe de l'aéroport de Dakar
19310
HP
aéroport de Dakar
Taxe de l'aviation Civile
820
KQ
ANAC Sénégal
Taxe de l'ASECNA
8720
ZE
ASECNA
Taxe de l'immigration
6980
VH
Etat Sénégalais
Sous-Total des taxes et surcharges
68 820
Surcharge carburant
21460
YQ
Compagnie aérienne
Total des taxes
90280
Prix du transport
19 500
Le meilleur Prix de billet d’avion aller-retour sur Dakar
109780
La plus importante taxe parmi ces dernières est la taxe YQ: surcharges carburant, perçue par la compagnie aérienne pour compenser l'augmentation du prix du pétrole, qui n’a plus sa raison d’être. Elle s’élève à 21460 Ouguiya. Ce qui revient à la compagnie sera au minimum de 21.460+19.500 soit 40.960 Ouguiya et au maximum 67.260 ouguiya pour un voyage aller et retour sur Dakar en classe économique.
Quant à l’Etat et les autres prestataires, le montant qui leur revient est de 68.820 Ouguiya, reparti entre la Mauritanie et le Sénégal.
La décomposition du prix d’un billet d’avion aller-retour sur Paris :
Le prix du billet d’avion aller et retour sur Paris en classe économique évolue entre 243740 et 987 860 Ouguiya pour un passager qui voyage sur Air France et pour un passager qui veut voyager sur la compagnie Mauritania Airlines, le prix évolue entre 205.680 et 329.600 Ouguiya.
Taxes pour un aller-retour sur Paris
Montant
Code
Origine de la Taxe
Taxe de la Société Mauritanienne des aéroports (SAM)
3000
MR
SAM
taxe de dimension
200
MR
Etat Mauritanien
taxe du parlement
6000
MR
Etat Mauritanien
Taxe de sécurité
2860
YR
ANAC Mauritanie
Taxe de l'aviation Civile
6100
HO
ANAC Mauritanie
Taxe de l'ASECNA
12650
ZI
ASECNA
Taxe de l'aéroport de Paris
2810
FR
France
Taxe de l'aviation Civile
4560
FR
France
Sous-Total des taxes et surcharges
36940
Surcharge carburant et de sécurité
101 540
YR
Compagnie aérienne+ETAT
Total des taxes
138 280
Prix du transport
105 260
Le meilleur Prix de billet d’avion aller-retour sur Paris
243 740
La conclusion : la révision des tarifs sur les principales destinations internationales
Une telle décomposition du prix de ce billet nous indique que le prix affiché pour le transport est de 105 260 et le montant des taxes est de 138 280. Le transport est donc taxé à plus de cent pour cent (+100%). Nous remarquons également que 101540 des 138280 de taxes représentent la taxe sécurité et surcharge carburant. Ceci est la décomposition du billet de la compagnie Air France.
Pour la compagnie Mauritanie Airlines, la surcharge carburant est de 35760 et la taxe de sécurité est de 2860 soit au total 38620. La différence entre les deux compagnies est de 62920 par passager, puisque Air France facture au citoyen Mauritanien une surcharge carburant assez grande qui s’élève à 98 680 par passager.
En sachant que cette surcharge carburant n’a plus sa raison d’être, vu le niveau du prix du kérosène aujourd’hui et tenant compte des tarifs appliqués par les deux compagnies aériennes, le redressement de cette surcharge injustifiée dégagera les prix ci-après :
Le prix du billet Air France Nouakchott-Paris-Nouakchott devrait être de : 243740-98680 soit 145060
Le prix du billet Mauritanie Airways Nouakchott-Paris-Nouakchott devrait être de : 205680-35760 soit 169920.
Dans le même ordre d’idées, le billet d’avion sur Paris chez Royal Air Maroc devrait nous couter 138.900 au lieu de 214.856 puisque cette compagnie nous facture 75.956 de surcharge carburant par passager.
Le passager sur la même compagnie voyageant sur Casablanca doit payer 96.580 au lieu de 138.916 puisque la même surcharge est comptée pour 42.336 par passager.
Sur Tunis également le passager devrait payer 144.390 au lieu de 185.590 puisque cette même surcharge est facturée pour 41.200 par Tunisair.
Ce toilettage est nécessaire, même si les compagnies ne le feront jamais toutes seules.
Un tel manque à gagner pour notre économie va dans la plupart du temps dans les caisses des compagnies étrangères. Il agit sur notre balance de payement, ne profite pas à nos concitoyens et nous porte préjudice dans tous les domaines.
Les compagnies aériennes ont, certes, des résolutions internationales qui les mettent souvent à l'abri des politiques nationales. Mais comme personne n'ose les attaquer en justice lorsqu'il y a abus, elles en profitent indéfiniment.
Par conséquent, les Etats doivent intervenir pour permettre à leurs citoyens de bénéficier des avantages qu’offrent les circonstances actuelles et ne pas les abandonner à eux-mêmes. Une mise au point avec les compagnies aériennes est nécessaire pour un meilleur équilibre du secteur.
Le transport aérien étant un facteur principal des échanges entre les économies et les peuples et un outil déterminant du développement, il serait important de le suivre avec plus d’intérêt.
Les autorités doivent veiller à la constitution d’un indice de prix du transport aérien de passagers (IPTAP). Ceci leur permettra de suivre l’évolution des prix au même titre que l’évolution du trafic aérien, afin d’observer le marché dans sa globalité. De même elles doivent opter pour une méthode fondée sur une collecte automatique des multiples relevés tarifaires de façon à tenir compte de la grande diversité des tarifs existants pour un même voyage aérien, etc.