Lors de son interrogatoire dans le procès de l’ex-président Ould Abdel Aziz, Yahya ould Hademine qui fut son Premier ministre et l’un des exécutants de ses basses œuvres nous offrit une des perles dont il a le secret et dont il pouvait bien se passer, puisqu’elle ne glorifie en rien le pouvoir qu’il a (mal) servi. « Nous avons supprimé dans tous les budgets les chapitres abonnement et publicité », déclara-t-il à la Cour, « ce qui nous a permis d’économiser chaque année 1,5 milliard d’anciennes ouguiyas placées dans une caisse ». Une caisse sans doute trouée, comme toutes les autres, personne n’ayant pu déterminer où est parti tout cet argent annuellement « préservé ». De son temps, ce qu’on appelle le Fonds d’aide à toute la presse (écrite, électronique et audiovisuelle), aux associations et à la formation n’a jamais dépassé les 200 millions MRO. Une goutte d’eau dans un océan de besoins. Au moment où tous les pays du monde, même les plus pauvres, soutiennent la presse à bras le corps pour lui permettre de jouer son rôle, un ancien Premier ministre mauritanien se permet de se vanter de lui avoir fermé les vannes. Jamais en effet la presse n’aura autant souffert qu’au temps du tandem Aziz/Hademine qui avait décidé de l’étouffer pour la contraindre à marcher au pas. Ils devaient pourtant savoir que depuis Maaouya et les censures à répétition, il en était qui n’avaient jamais plié l’échine. Nos deux bourreaux ont fini par se rendre compte que, malgré tout ce qu’ils nous ont fait subir, nous sommes restés debout. Et les voilà, eux, dans le box des accusés pour des crimes et délits que la presse avait, en son temps, dénoncés. Yahya n’avait-il pas autre chose pour se défendre des graves accusations qui pèsent sur lui que de s’attaquer au « petit mur » qu’est la presse ?
Ahmed ould Cheikh