L’Opposition radicale mauritanienne vient de décider d’étaler au grand jour des détails polémiques au sujet d’un dialogue politique dont l’agenda et les modalités pratiques n’ont pas encore été convenus. Elle a régulièrement agi ainsi à la veille de chaque échéance électorale nationale. Lorsqu’il s’était agi de renouveler le tiers du sénat, en 2011, cette Opposition avait présenté, par écrit, une doléance au gouvernement en faveur du recul de ces élections et de l’ouverture d’un dialogue national inclusif. A la veille des élections législatives et municipales de 2013, cette même Opposition avait réclamé, à cor et à cri, l’organisation d’un dialogue inclusif, exigeant, à nouveau, le recul de ces élections. A deux mois des élections présidentielles de juin 2014, elle récidiva en proposant un agenda de dialogue, avec comme préalable …le recul des élections. Aujourd’hui, à quelques jours du dépôt des listes pour le renouvellement des deux tiers du sénat, l’Opposition mauritanienne produit un document identique à tous points de vue de ceux qu’elle a régulièrement brandis et qui exige, à nouveau, le recul des élections. Avec un «timing» toujours préélectoral et un contenu immuable et provocateur par bien des aspects, les accès de «dialoguite» de l’Opposition radicale mauritanienne semblent avoir pour unique but d’éviter, à tout prix, l’établissement d’un calendrier électoral normal. Les vieux idéologues de l’Opposition radicale croient «dur comme fer» qu’en maintenant un doute, même très discutable, sur la légalité de telle ou telle institution de la République, ils maintiennent le climat post-Accords de Dakar. Ces idéologues font une véritable «fixation» sur le fait que le Président de la République ait repoussé leur proposition d’un gouvernement d’union nationale, à la suite de sa victoire électorale en 2009. A la faveur de cette onction démocratique, le Président Aziz était devenu, en son âme et conscience, le seul responsable, institutionnellement parlant, des grandes orientations de l’Etat. Le principal enjeu du verdict des urnes consiste à faire la part des choses, sur ce plan. L’Opposition radicale a très mal digéré la bérézina électorale du 18 juillet 2009, elle en a développé une phobie des urnes, son «horloge» politique s’en est trouvée gravement bloquée. Malheureusement pour elle, nous sommes bel et bien en 2015, le Président Aziz n’a plus seulement la légitimité irréprochable des élections de 2009, mais celles tout aussi irréprochable de novembre-décembre 2013 et du 21 juin 2014 ; il a également la légitimité d’un style réussi dans l’action publique, celle d’un bilan convaincant sur le terrain et celle de la durée. Vouloir faire abstraction de tant d’éléments d’appréciation, pour ne retenir que le fantasme obsolète d’un gouvernement d’union nationale que rien, fort heureusement, ne justifie et qui favorise un unanimisme préjudiciable à la démocratie, relève de «la mère des insanités».
Pour aller de l’avant, comme l’ont toujours préconisé le Président et sa Majorité en n’excluant aucun sujet de discussion, l’Opposition radicale doit impérativement débloquer son «horloge» politique et la faire avancer d’une demi décennie, elle doit aussi comprendre qu’un dialogue politique responsable ne s’effectue pas sous les projecteurs des médias et qu’il y’a une différence sémantique nette entre «dialogue» et «monologue». A ce prix seulement, elle pourra, progressivement, réintégrer le paysage démocratique national dont elle s’est volontairement auto-exclue.