C’était l’une des exigences de l’opposition démocratique, lors d’un important meeting, tenu jeudi après-midi (25 Mai) à quelques encablures de la foire de Nouakchott. Tous les partis de l’opposition démocratique (RFD, APP, Tawassoul, APP, AJD/MR) et de la jeune génération, à savoir le FRUD ont assisté à ce meeting dit de « protestation et de rejet des résultats fabriqués des scrutins du 13 mars ». C’était-là leur 2e exigence.
Au cours donc de ce meeting, tous ont d’abord exigé la libération du président d’IRA, le député Biram Dah Abeid, arrêté, la veille par la police nationale. On lui reprochait d’avoir appelé à l’ « insurrection armée » au cas où les résultats des élections du 13 mai dernier seraient validés. Solidaires du leader abolitionniste, Hamady Moctar (Tawassoul), Messaoud Boulkheir (APP), Ahmed Daddah (RFD), Mohamed Maouloud (UFP), Abdessalam Horma (Sawab) et le secrétaire général du FRUD ont exigé sa libération et affirmé que ce qu’on lui reproche ne repose sur aucun fondement légal. Tous ont d’ailleurs indiqué que Biram n’a jamais appelé à l’usage de la violence et que c’est à cause de fraude jamais égalée dans ce pays qu’il s’est levé. Et le président de l’UFP de se demander « si on vous arrache les seules cartes ou devoir civique qui vous restaient, qu’allez-vous faire ? Vous subissez la hausse effrénée des prix depuis des lustres, le chômage et l’insécurité et aujourd’hui avec ce semblant d’élection, on vous vole vos voix, c‘est tout simplement inacceptable ». « Votre présence massive à ce meeting prouve combien vous rejetez les résultats des élections et exigez, comme nous l’annulation et la reprise des élections », ont martelé les leaders de l’opposition démocratique qui, il faut le reconnaître, ont réussi le pari de la mobilisation. Les partisans de Biram et de Tawassoul ont brillé par leurs banderoles et leur forte présence.
Après près de 48 heures d’interrogatoire, le député Biram a été libéré tard dans la soirée. S’agit-il du résultat de la pression de l’opposition unie ou de la volonté du pouvoir d’éviter l’escalade, quelque 48 heures du 2e tour des législatives, lesquelles mobilisent tout ce que le pouvoir compte comme ministres, petits et hauts cadres et notabilités. Tous sont descendus dans les circonscriptions à ballotage pour influer sur le vote du 27 mai. Non satisfaits d’avoir orchestré une fraude à ciel ouvert, au 1er tour, ils y vont pour en rajouter une couche. Du coup, on risque fort de voir les 36 sèges en ballotage tomber dans l’escarcelle du parti du pouvoir, à savoir INSAF. Ils ne ménagent aucun effort pour y arriver. Ils ne savent bien tricher nos hauts responsables, soupire un cadre de l’opposition, sinon ils s’y seraient allés autrement pour faire avaler ces grosses couleuvres à l’opinion nationale et internationale. Alors, le président Ghazwani laissera-t-il les fossoyeurs de la démocratie faire comme sous son prédécesseur Ould Abdel Aziz ?
Il y a quelques semaines, un ancien fonctionnaire devenu conservateur de bibliothèque, Ahmed Mahmoud ould Mohamed, dit Gmal, publiait sur Facebook un post au titre évocateur : « La mémoire en décharge : quand les archives nationales finissent dans les ruelles de Nouakchott ».