La prison centrale de Nouakchott a vécu, hier, une véritable mutinerie. En réaction aux multiples provocations et violations de la loi , les détenus ont pris en otage deux de leurs geôliers exigeant en contrepartie de leur libération l’humanisation des conditions de détention dans cet établissement pénitentiaire, et la libération immédiate de ceux, parmi les prisonniers, qui ont purgé les peines auxquels ils ont été condamnés sans pour autant être libérés, au seul motif qu’ils sont présumés des salafistes.
Après avoir fait recours à la violence aveugle, le pouvoir a fini par céder en procédant à l’échange de détenus se trouvant victimes depuis plusieurs mois de détention extra judiciaire avec les deux gardes que détenaient les mutins.
Cet incident grave révèle l’état de déliquescence et d’incurie que connait le service public judiciaire ; il signe le mépris total que le pouvoir a vis-à-vis de la loi et des principes fondamentaux du droit qui conduit, immanquablement, à la violence et au désordre, en refus de l’injustice et de l’arbitraire.
Il est, en effet, établi que les pensionnaires des établissements pénitentiaires subissent, au quotidien, les brimades et actes de provocation ; les conditions de leur détention ont été maintes fois dénoncées par plusieurs organisations non gouvernementales ; l’application de la détention préventive et des peines se fait en dehors de tout encadrement judiciaire.
Les différents appels pour la mise en place d’un corps de gardiens de prison sont restés vains.
Bien qu’inscrit au code pénal mauritanien, le principe fondamental de droit prescrivant que « tout détenu condamné à une peine d’emprisonnement soit mis en liberté aussitôt que la durée de sa détention aura atteint celle de la peine prononcée », est continuellement violé.
Cet incident prouve aussi l’échec de la politique sécuritaire dont se targue le pouvoir.
Il vient confirmer encore une fois - comme n'a cessé de le rappeler le RFD - que toute politique d'éradication de l’extrémisme et de la violence se faisant en dehors du respect des règles de l’Etat de droit est vouée à l’échec.
Le Rassemblement des Forces Démocratiques
Nouakchott, le 4 Rabii Athani 1436 - 24 Janvier 2015