Le Calame : Les urnes ont parlé le 13 mai et le moins que l’on puisse dire c’est que votre parti INSAF n’a pas fait de quartier, il arrive largement en tête du 1er tour, avec 80 députés. Qu’avez-vous proposé aux mauritaniens pour qu’ils opèrent cette espèce de plébiscite?
-Mohamed Yahya Horma : L’élection est par essence une concurrence entre formations politiques sur la base d’un programme de gouvernance nationale ou locale.
Nous sommes parmi les rares partis (ils se comptent sur les doigts d’une main) à avoir soumis au Peuple un Programme électoral crédible, réaliste et ambitieux.
Ce Programme s’inspire du Programme Taahoudati qui en constitue le cadrage général.
La vision et ses axes prioritaires sont les prémices d’un modèle de développement au centre duquel se trouve l’Homme , le Citoyen.
Notre gestion en temps de crises majeures caractérisée par la décrispation, l’apaisement et la proximité a été massivement adoubée par le Peuple Mauritanien lors des élections du 13 Mai.
Avec 80 députés INSAF élus au premier tour sur toute l’étendue du Pays ainsi que la totalité des Présidents de Conseils Régionaux et près des 2/3 des Maires, on peut dire que la victoire de notre Parti est sans appel.
Ces élections intervenant à un peu plus d’un an de l’élection présidentielle augurent d’un bon positionnement du Camp du Président Mohamed oul Cheikh el Ghazouani.
-Beaucoup redoutaient un vote sanction contre le parti, après les nombreuses contestations apparues au lendemain de la publication des listes candidates. Comment le parti a géré les frustrations en interne et les départs de certains de ces cadres et militants?
-La sélection des candidats fait l’objet de la part du Parti, une procédure relativement ancienne qui allie la consultation des structures décentralisées, des acteurs politiques, des cadres et des postulants à la candidature.
Elle gagnerait probablement à être revisitée et rationnalisée mais elle est relativement démocratique.
L’offre des postes électoraux est très réduite et le nombre de candidats pléthorique.
Le résultat de ce processus occasionne souvent quelques insatisfactions et dissidences marginales; la règle générale étant, par respect de la discipline, de s’en remettre à la décision de la Présidence du parti.
Le débat interne et le souci commun de faire gagner le parti ont prévalu.
Quelques réfractaires obstinés se sont portés candidats sur des listes d’autres partis avec les fortunes que l’on sait.
Cela nous a fait perdre quelques sièges de députés de Moughataas et quelques présidents de conseils municipaux.
Nous les avons surcompensés par nos excellents résultats aux listes nationales et aux listes régionales de Nouakchott.
-Le jour du scrutin votre parti a dénoncé l’attitude de la CENI qui risquait de vous porter préjudice. Une première de la part d’un parti du pouvoir. Mais, à l’arrivée, cela n’a pas visiblement empêché votre parti de gagner haut la main ?
-La pléthore de listes candidates, le nombre de scrutins organisés et le nombre d’électeurs ayant voté, tous ces facteurs ont rendu l’élection complexe à gérer, occasionnant collatéralement un nombre d’erreurs et de dysfonctionnements à la mesure du volume d’opérations.
Nous en avons souffert dans les mêmes proportions que les autres partis et les avons portés à la connaissance de l’opinion publique.
Rapportés au nombre de votants et donc de bulletins dépouillés, ils restent dans des proportions plus qu’acceptables.
Comme tout le monde, ces ratés ont affecté nos résultats dans des proportions modestes.
-Votre victoire est fortement contestée par l’opposition mais également par certains partis de la majorité présidentielle. Les responsables des partis politiques de la première, après avoir rencontré le président de la République ont réclamé l’annulation des résultats de Nouakchott et de Boutilimit puis ont annoncé un meeting de protestation, le jeudi 25 mai. Qu’en pensez-vous ?
-Les élections constituent un exercice ou le fair-play est de rigueur.
Dès lors qu’il y’a égalité de traitement et que la marge d’erreur est très réduite, il convient d’être un bon perdant.
Plus on est réaliste dans ses prévisions et rigoureux dans la démarche de projection, moins on risque d’avoir des déconvenues qui sont souvent sources de recours à l’anathème et à la diffamation excessifs.
Le recours en annulation des élections au seul motif de les avoir perdues relève du manque d’objectivité.
Autant il est légitime de demander des vérifications matérielles de traçabilité des opérations, ce que nous demandons et comprenons comme d’autres partis, autant le rejet global et sans raisons sérieuses relève de l’infantilisme politique.
-Pour INSAF, ces élections sont un test après sa restructuration. Elles devraient également ouvrir le couloir au président de la République pour la présidentielle de l’an prochain. Le pari est-il réussi par le parti qui aborde cette échéance avec plus de sérénité ?
-On peut dire que ce premier test grandeur nature est réussi haut la main et qu’il est avant tout un succès pour le programme et le bilan du Président de la République M. Mohamed Ould Cheikh El Ghazouani.
C’est un essai qu’il sera aisé de transformer à l’occasion des prochaines élections Présidentielles.
Nous les préparons inchaa Allah, avec confiance, rigueur et abnégation.
Faites un petit tour à Nouakchott : allez de la plage des pêcheurs au Port de l’Amitié ou de cette infrastructure vers le carrefour dit Bamako ; partez d’Atak El Kheir 2 en direction de l’Est ; promenez-vous en divers quartiers de la capitale… Rassurez-vous, il ne s’agit pas de villégiature !