Les élections : Quel gâchis! Par Mohamed Ahmed Mokhtar

24 May, 2023 - 17:16

A voir de près le déroulement du dernier scrutin, force est de constater que la montée en flèche du tribalisme, du clanisme, du sectarisme, de l’égocentrisme, de l’ethnocentrisme, du racisme et autres tares a entaché l’opération de vote dans son ensemble. Autant de facteurs de division et de discorde qui ont ouvert des plaies à peine cicatrisées, provoqué une déchirure profonde du tissu social et laminé les institutions censées suivre  et  veiller à la bonne conduite de tout le  processus électoral. Rien n’a changé, aujourd’hui comme hier, les mêmes défaillances, les mêmes erreurs, les mêmes slogans, les mêmes pratiques sont reproduits : aucune leçon tirée, aucune amélioration substantielle  introduite. Le vote est dénaturé, il n’est plus le reflet de la libre expression de la volonté populaire mais un simple bourrage des urnes profitant à quelques groupes prompts à sacrifier l’intérêt général sur l’autel de vils intérêts égoïstes. Les informations recueillies à ce sujet, font état d’un zèle qui a de quoi confondre : déplacements inopinés de bureaux de votes, intrusion de certaines autorités dans les bureaux de vote et confiscation des urnes, menaces et achats massifs de cartes d’identité, soumission et obéissance aveugles aux ordres de quelques hommes d’affaires et notables continuant à « nomadiser » entre les partis politiques et à négocier des positions sur les listes électorales ; pour ne citer que ceux-là. Ce constat amère est bien une réalité vécue non une vue de l’esprit.

Une telle machination, propice au règne du désordre et de l’arbitraire, risque de faire perdre aux citoyens l’espoir en des lendemains meilleurs et à les maintenir dans un état de résignation les poussant à prendre leur sort comme une fatalité. Cette situation peut conduire au désespoir, au désœuvrement et à l’inertie comme elle peut générer un mécontentement populaire aux conséquences imprévisibles et que personne ne souhaite. En effet l’étouffement à répétition des ambitions et espoirs peut être la source d’explosions déstabilisatrices. 

1. A qui imputer la responsabilité de cette dérive ? A l’Etat en premier lieu qui a failli à sa mission d’arbitre impartial entre les parties en compétition en favorisant, de manière directe ou détournée, les candidats issus du parti-Etat ou de ses ramifications et qui sont pour la plupart des fonctionnaires ou des personnes proposées et soutenues par ceux-ci. Il ya ensuite la commission électorale qui n’a pas eu la force ni l’audace d’arrêter les incursions du pouvoir et autres groupes de pressions et qui s’est laissée submerger par une vague d’interventions desquelles elle n'est pas sortie indemne. Il ya en fin les hommes d’affaires et les notables qui se considèrent comme les véritables maîtres du jeu : les premiers grâce aux moyens financiers dont ils disposent, les seconds par la force de leur électorat.

Dans le contexte ci-dessus décrit, l’organisation d’élections libres et transparentes est simplement un coup d’épée dans l’eau.