La coalition CVE-CVE/VR a choisi monsieur Mamoudou Jaafar Ball pour briguer le Conseil régional de Nouakchott. Rencontré à son domicile de Sebkha K-Extension, un des quartiers populeux de la capitale, ce cadre retraité de la BCM a entamé des visites de proximité bien avant le lancement officiel de la campagne électorale. Interpelé par le reporter du Calame, il a accepté de décliner son ambition pour Nouakchott, une capitale qui croule sous le poids de la vie nomade et rurale. Monsieur Ball rêve de faire de Nouakchott une capitale moderne où il fait bon vivre, à l’image d’autres africaines et maghrébines. Une capitale respectueuse de l’environnement ; en somme, une capitale écologique débarrassée de ses oripeaux : problèmes de mobilité urbaine, d’assainissement, de la montée des eaux de l’océan Atlantique, des tas d’ordures et des eaux stagnantes…« Nous ne pouvons pas accepter d’importer le mode de vie nomade et pastorale en nos cités et l’imposer à nos concitoyens et hôtes étrangers », estime monsieur Ball.
« Nous pouvons donner aux Nouakchottois de meilleurs cadre et qualité de vie »
Autre problème relevé par le candidat de la coalition CVE-CVE/VR : la croissance anarchique de la capitale. Au lieu de grandir en hauteur, Nouakchott croit en largeur dans toutes les directions (très peu d’étages et de gratte-ciels). Cela engendre d’énormes problèmes de déplacements et de développement des services publics (eau, électricité, routes…). « L’essentiel de ceux-ci se concentre en centre-ville (banque, administration et directions…) », remarque monsieur Ball, épinglant, au passage, la modestie – pour ne pas dire l’absence – de transports publics régulés (lignes et horaires précis). Il souligne également l’explosion du parc automobile, source d’embouteillages énormes en centre-ville et de problèmes récurrents de stationnement, etc. « L’espace urbain est très mal géré et aménagé, nous devons le maîtriser et l’organiser », martèle Ball. Sans cela, il est difficile, pour ne pas dire impossible, d’améliorer un meilleur cadre de vie. Or le concept de qualité de vie peut bel et bien s’appliquer à Nouakchott… pourvu qu’on veuille se l’approprier.
Que compte donc faire le candidat en ce sens ? La recette est simple, nous confie-t-il :se retrousser les manches et bosser dur. Et il pense, pour commencer, impliquer les citoyens de la capitale, la Société civile, ainsi que les forces armées et de sécurité, dans une vaste campagne de sensibilisation sur les enjeux à venir. Dans ce combat, les associations de jeunes et les coopératives féminines pourraient apporter leurs précieuses contributions, si elles sont appuyées et aidées par les pouvoirs publics. Une prise de conscience est donc indispensable pour démarrer le chantier. Les populations doivent se départir de leur « je m’enfoutisme » et comprendre qu’ils sont les acteurs du développement de leur cité. Cela commence par des gestes simples, comme ne pas déverser ordures et eaux usées dans les rues, ruelles et autres passages ; éviter d’utiliser ou de jeter des sachets en plastique, d’abandonner des carcasses de voiture (nahara) dans les rues : « des gestes simples mais nécessaires et indispensables pour préserver notre environnement », explique le candidat de la coalition CVE-CVE/VR, « tous ces facteurs contribuent à polluer et à dégrader notre cadre de vie. »
Une conscience citoyenne
« Les citadins de Nouakchott doivent comprendre », estime Ball,« que les changements climatiques ne concernent pas que les autres, ils ont commencé à peser sur notre cadre de vie ; l’océan Atlantique monte et le cordon dunaire qui protégeait la capitale des eaux a été fortement dégradé, trop de gens habitent dans des zones inondables (Cité-plage, Kouva, Dar El Beïdha, Dar Naïm…) et la ville ne dispose quasiment pas de canaux d’évacuation des eaux de pluie. Nous avons le devoir de tenter d’anticiper sur les conséquences néfastes de ces manquements. Il faut aussi appliquer la loi 2012-157 du 21 Juin 2012 portant interdiction de la production et de la vente de sachets en plastique.
À la question de savoir ce qu’il entend faire pour endiguer les risques, promouvoir un cadre de vie agréable et celle des moyens, le candidat Ball répond : « réorganiser les moyens de transports – les échangeurs pourraient y contribuer – mettre en service des lignes avec numéros et horaires fixes, afin de soulager la ville des voitures personnelles dont certaines sont des sources de pollution ; doter la ville d’un réseau d’assainissement fiable ; mettre de l’ordre dans les marchés et combattre l’anarchie qui y règne ; multiplier les parcs, aires de jeux et promenades. Et Ball de regretter qu’au lieu de planter des arbres pour générer des microclimats et attirer la pluie – la relation entre celle-ci et l’arbre fonctionne dans les deux sens… – on ait trop coupé et déraciné le peu de couvert végétal dont disposait Nouakchott. La ceinture verte qui devrait protéger la capitale a été anéantie. Il faut la rétablir. »
Autre aspect qui tient à cœur le candidat Ball : la sécurité. Un meilleur cadre de vie passe nécessairement par la sécurité des citoyens et de leurs biens. Au fur et à mesure que la ville grandit, l’insécurité et le banditisme se sont répandus, parce que les services de sécurité ne suivent pas assez le mouvement. Résultat des courses, on enregistre des agressions à main armée, des assassinats et des vols, tandis que prolifèrent les produits psychotropes qui gangrènent une jeunesse désœuvrée, souvent défalquée de l’école et sans perspectives d’avenir. « Or », rappelle monsieur Ball, « la jeunesse est l’avenir d’un pays, il faut faire en sorte qu’elle soit saine. »
Un tel chantier requiert de nombreux moyens et le candidat Ball pense que des efforts de mobilisation des ressources peuvent être accomplis par l’État, autour d’une politique bien ciblée de plaidoyer auprès des partenaires techniques et financiers, ainsi que des organismes qui luttent pour la protection de l’environnement. « Le potentiel existe et nous disposons d’arguments pour le capitaliser », affirme le candidat de la coalition CVE-CVE/VR.
DL