Notre avenir est en jeu/ par Cheikh Ahmed ould Mohamed

3 May, 2023 - 19:06

Il me semble important de jeter un regard sur nos conditions de vie et sur la fragilité de l’équilibre entre la santé humaine et l’environnement. La bonne santé est la condition première à notre bien-être et à notre capacité de nous réaliser. Elle ne saurait se limiter à la seule absence de maladie ou de handicap, elle englobe beaucoup d’autres facteurs de notre existence et il nous faut donc la promouvoir, la rendre plus durable et plus moderne, afin de répondre aux besoins et aux attentes de tout un chacun. Or il faut se rendre à l’évidence : malgré des investissements massifs et plusieurs réformes, notre système de santé ne parvient pas à répondre aux besoins croissants de la population.

70% des décès sont attribuables à des maladies chroniques résultant de notre mode de vie, notamment du tabagisme et d’une alimentation de piètre qualité. Un modèle mettant l’accent essentiellement sur la prévention et la promotion de la santé, plutôt que sur la gestion de la maladie, aurait un plus grand impact sur la population et limiterait la croissance phénoménale des coûts. À cet égard, le COVID-19 a mis en lumière la fragilité de notre système en matière de santé publique et de prévention des maladies chroniques qui touchent majoritairement les gens de statut socio-économique précaire. La lourdeur structurelle du système actuel ne permet pas de coordonner l’offre de services pour satisfaire les besoins des citoyens.

 

Double objectif

De nombreux spécialistes ont d’ailleurs remis en cause la valeur réelle que ces soins apportent aux dimensions de la santé qui ont de l’importance pour les patients par rapport à leurs coûts. Il faut donc prioriser la promotion de la santé par la prévention et placer les citoyens au cœur de la démarche entamée par le gouvernement en vue de rendre notre système de santé plus moderne. Je pense que les municipalités, les entreprises et les communautaires auront un rôle majeur à jouer dans la restructuration des services de proximité. Une meilleure collaboration entre les services cliniques et les approches de santé publique permettrait de mieux accompagner les gens dans leur trajectoire de vie où les enjeux de santé relèvent très souvent de facteurs sociaux et économiques.

Par ailleurs, l’approche de la santé axée sur la prévention vise à améliorer l’état de santé d’une population entière et à réduire les inégalités en ce domaine. Pour atteindre ce double objectif, le gouvernement s’est penché sur le vaste éventail de facteurs et de conditions exerçant le plus d’incidence sur notre santé et tente d’influer sur ceux-ci. Ces facteurs sont multiples : niveau de revenu et statut social, réseaux de soutien, éducation, emploi, conditions de vie et de travail, milieu social, habitudes personnelles de santé, capacité d’adaptation, développement dans la petite enfance, services de santé...

Cette approche de la santé de la population est perçue au sein du gouvernement comme une mesure impérieuse couvrant la gamme complète des interventions possibles dans le système de santé, de la prévention et de la promotion de la santé à la protection, en passant par l’établissement de diagnostics, le traitement et les coûts, etc., intégrant et harmonisant les différentes mesures connexes à ces interventions. Cette approche s’inscrit dans le rôle plus vaste du plan d’action du gouvernement : l’amélioration de la santé des Mauritaniens et des Mauritaniennes. En bref, les mesures en matière de santé sont orientées vers toute une population plutôt que vers des individus.

Ainsi peut-on conclure que les résultats ou les avantages de ces mesures s’étendent bien au-delà de l’amélioration de la santé des gens et tendent vers l’établissement d’un système de santé durable et intégré, la poursuite de la croissance et de la productivité, soutenue par l’engagement des citoyens.

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Ingénieur

Chef du service Études et Développement

Établissement portuaire de la Baie du Repos de Nouadhibou