De passage en Mauritanie il y a quelques années, feu Michel Guignard, un fin connaisseur de la musique maure à laquelle il consacra une thèse de doctorat au cours des années 50, répondit à un journaliste qui lui demandait comment il voyait la musique actuelle : « on doit parler plutôt de vacarme ». Une réponse cinglante qui peut s’appliquer aussi à nos campagnes électorales. En effet, depuis que les militaires ont décidé de nous octroyer une démocratie sous contrôle et sur pression de la France, les campagnes électorales qui se suivent ne donnent lieu qu’à un tapage assourdissant. Avant même leur lancement, le décor est planté. Et c’est la course aux places les mieux exposées le long des axes urbains. Des tentes poussent comme des champignons aux couleurs des différents partis, avec les photos grandeur nature des candidats. Des baffles distillent jour et nuit une musique stridente et cela durera jusqu’à la fin de la campagne. Pas de débat d’idées, ni de confrontation entre candidats, ni vulgarisation de programmes qui se limitent généralement à « des promesses qui n’engagent que ceux qui y croient », comme disait Jacques Chirac. Une fois élus à la tête des mairies ou à l’Assemblée nationale, nos vaillants politiciens qui avaient promis le changement ne se l’appliquent qu’à eux-mêmes. Le peuple, lui, peut attendre… la prochaine campagne. On viendra de nouveau l’endormir avec de nouvelles promesses. Heureusement pour eux qu’il a jusqu’à présent la mémoire courte. Mais le jour où il prendra son destin en main… Songez-y messieurs, mesdames : tant va la cruche à l’eau qu’à la fin elle se brise.
Ahmed ould Cheikh