Des plus poissonneuses du monde, nos côtes deviendront-elles dans si peu de temps les moins riches en ressources halieutiques et les plus polluées de la planète ? Des vidéos qui circulent depuis quelques jours sur Internet, montrant des bateaux turcs et chinois utilisant des filets tournants pour racler les fonds marins, font froid dans le dos. On les voit lancer leurs filets géants sur des bancs de poisson et tout rafler sans aucun respect ni pour la ressource ni pour les zones de pêche. Le problème est que le phénomène n’est pas nouveau et aucun gouvernement n’a accepté de prendre son courage à deux mains pour y mettre fin. Les Chinois et les Turcs sont bien protégés, semble-t-il. Quand on ajoute à cette situation déjà catastrophique, les dizaines d’usines de poisson installées à Nouadhibou – Aziz avait, en son temps, délivré au moins quarante agréments – qui polluent non seulement l’air mais aussi la mer en y déversant directement leurs déchets non traités, il y a de quoi craindre pour la baie de cette ville. Pas plus tard que la semaine dernière, des milliers de poissons ont été retrouvés morts sur ses côtes : pollution, sans aucun doute. Sombre tableau à tous les niveaux. Pourtant les acteurs de la Société civile, notamment les ONG internationales, les media et les chercheurs n’ont cessé de tirer la sonnette d’alarme mais elle est tombée dans des oreilles de sourds. Affichant haut et fort ses bonnes intentions, chaque nouveau ministre promet de s’attaquer aux problèmes du secteur mais – rappelé à quel (dés)ordresi puissamment incrusté en hauts lieux ? –ne tarde pas à revenir sur terre. Le voilà donc à gérer les affaires courantes jusqu’à son départ et son remplacement. Tournez, tournez, petits navires, il ne nous suffisait pas d’un désert de sable, tuez-nous donc aussi nos eaux !
Ahmed ould Cheikh