Au cours de cette année, on assistera à une nette progression du secteur du transport aérien. Cette progression engendrera l’emploi direct ou indirect de Cinquante Huit Millions de personnes (58 000 000). Les Etats profiteront également de cette progression en bénéficiant de Cent Vingt Cinq Milliards de Dollars américain de taxes, représentant l’ensemble des impositions collectées par les transporteurs aériens auprès de leurs clients.
Ces prévisions, émanant de l’IATA, se basent sur un prix moyen du pétrole de 85 dollars le baril. L’IATA est l’association internationale du transport aérien, elle représente 250 compagnies aériennes soit 84% du trafic aérien mondial.
La relance du transport aérien a été induite par la chute des prix du carburant, doublée d’une croissance soutenue de l’économie mondiale. Par conséquent, trois Milliard Cinq Cent Millions de personnes prendront l’avion cette année. Cette évolution doit largement profiter aux compagnies aériennes. Les consommateurs (passagers) doivent également en bénéficier grâce à la baisse inéluctable des prix des billets d’avion.
En effet, le prix des billets est indexé principalement sur celui du carburant. La facture énergétique est devenue, depuis quelques temps, le premier poste de dépenses chez les compagnies aériennes, passant ainsi devant les frais de personnel et les entretiens. Le prix du baril ayant subi une baisse sans précédent, celui des billets d’avion devrait normalement suivre dans les proportions correspondantes.
Cependant les compagnies aériennes, au lieu de baisser les prix, ont profité de ces conditions pour combler les déficits budgétaires qu’elles ont enregistrés ces dernières années. Cette attitude va au détriment des usagers des avions qui ont souffert pendant plusieurs années de la cherté du prix des voyages. En même temps, les gouvernements, qui sont les régulateurs officiels des économies, ont manqué de courage, en fermant l’œil sur cette situation.
Pénalités incompréhensibles
En effet, face aux difficultés qu’elles ont rencontré ces dernières années, pendant la flambée des cours du pétrole, les compagnies aériennes ont été contraintes d’utiliser plusieurs leviers, afin de se maintenir financièrement. Parmi ces derniers, nous pouvons compter: les diverses mesures d’austérité, la suppression des commissions reversées aux agences de voyages, l'émission immédiate des billets, même pour un départ dans six mois. Sans oublier les pénalités à tort et à travers, allant parfois jusqu’à la perte pure et simple du billet, si le passager renonce au voyage à la date prévue. Toutes ces mesures procurent discrètement des recettes considérables aux compagnies aériennes.
Ces pénalités ne correspondent pourtant à aucun service additionnel offert au client. Il s’agit, dans la plupart du temps, d’un décalage du voyage, de la part du passager, n’engendrant aucune charge supplémentaire au transporteur. D’autant plus que le pauvre passager, afin de bénéficier d’un bon tarif, est tenu d’acheter son billet bien avant son voyage, avant même que son programme de voyage ne soit définitivement arrêté. En plus, en achetant son billet, il croit avoir effectué la dépense nécessaire à son voyage, alors qu’il n’en est rien. Il passera, très probablement à la caisse, pour payer un supplément, à chaque fois qu’il changera de réservation.
Dans ce système commercial, les compagnies aériennes ont l’avantage de pouvoir encaisser le montant des billets d’avion bien avant qu’elles ne fournissent le service correspondant qui est le transport effectif du passager. En moyenne, le temps qui s’écoule entre le payement du billet et le voyage effectif du passager est de Cinquante Quatre jours (54 jours). Ce système de prépaiement procure aux compagnies des gains substantiels importants et les épargne des intérêts bancaires qui plombent toutes les économies actuellement. Contrairement aux autres industries, qui fabriquent leurs produits, subissent toutes les contraintes, financières et autres, liées à la production et attendent, pour l’encaissement, un acheteur qui risque de ne pas se présenter aussitôt.
Pour fixer leur prix, les compagnies pratiquent, très souvent, le système du « Yield management ». Il permet à la compagnie de pouvoir créer sur un même vol une multitude de prix différents. Au fur et à mesure que le vol se remplit, le tarif du billet augmente. De telle sorte que des passagers, n’ayant pas payé leurs billets au même moment, voyageant ensemble, dans les mêmes conditions et dans des sièges côte-à-côte, ont des billets de tarifs différents, passant du simple au double ou même plus.
Il est certes difficile d’expliquer de façon précise la manière dont est fixé le prix d’un billet d’avion.
En principe, le tarif d’un billet est fixé en fonction de nombreux critères dont : la classe de réservation, la distance du voyage, la destination, l’âge, la durée du séjour, etc. Les aéroports de départ et de destination sont également déterminants dans la variation du prix, du fait des frais liés aux services qu’ils engendrent et du couloir aérien que l’avion doit emprunter.
Le prix d’un billet d’avion évoluera aussi en fonction de la saison et de l’horaire choisi. En effet, la compagnie aérienne paie de lourdes redevances si elle veut réserver de bons créneaux horaires répondant aux attentes de ses voyageurs. Ainsi, les créneaux horaires les plus prisés sont le milieu de matinée ou début d’après-midi. Ils représentent des charges financières importantes, qui sont répercutées sur le prix du billet d’avion. Les compagnies qui font voyager leurs clients tôt le matin ou tardivement le soir font des économies sur ce chapitre. Elles doivent, par conséquent, pratiquer des tarifs plus abordables que les autres compagnies qui décollent ou atterrissent en milieu de journée.
Hautes et basses saisons
Il existe aussi des hautes et des basses saisons pour le transport aérien. Pendant les vacances scolaires, les fêtes, les grands événements par-ci ou par là, la logique demeure la même puisque les compagnies aériennes répercutent la forte demande de billets sur le prix de ces derniers.
A tout cela s’ajoutent les surcharges et les taxes qui grèvent les billets d’avion. La taxe étant un prélèvement opéré par une collectivité publique en contrepartie d'une prestation individualisable fournie à un administré, elle est différente de l'impôt qui lui est destiné à couvrir globalement les charges de fonctionnement des services publics. Quant à la surcharge, elle représente la couverture des services fournis par les divers intervenants tels que les aéroports les autorités des aviations civiles, les services de sécurités et de sureté etc.
Les taxes et surcharges ne font pas partie du prix de transport propre à la compagnie, elles s’y ajoutent pour former le prix total du billet.
Dans la législation européenne, la répartition entre le prix, les taxes, les frais d’aéroport et autres doivent obligatoirement être communiqués de manière claire, transparente et sans ambiguïté au passager.
Avec le prix du carburant qui a battu tous les records et les mesures de sécurité toujours plus contraignantes, les taxes aériennes ont souvent atteint plus de 40 % du prix du billet d'avion ou même plus, de telle sorte que ces diverses taxes et redevances font pratiquement doubler le prix du billet.
Pour faire face à la montée incessante du prix du pétrole, et donc du kérosène, depuis le 11 septembre, les compagnies aériennes appliquent une surcharge carburant sur le prix du billet d'avion. Son montant est laissé à la libre appréciation de chaque transporteur. Ces surcharges sont appliquées progressivement, au rythme de la hausse du coût du pétrole. A cela, il faut rajouter les importants renforcements des contrôles de sécurité. Les compagnies aériennes ont dû faire modifier les appareils et procédures d'embarquement, certes, mais continuent à répercuter ces coûts sur le prix du billet d’avion perpétuellement, comme si elles ne sont pas amorties depuis belle lurette.
Le principe de la surcharge carburant suit des indices quantifiables sur la base d’une méthode précise. Cette méthode prend en compte les variations du prix du baril au cours d’une période donnée par rapport à un prix à une date déterminée. Le principe consiste à prendre en compte la moyenne de la variation et la projeter à la date effective du voyage en tenant compte de la durée du vol. Puisque la vente du billet s’effectue bien avant l’opération de transport du passager à laquelle le baril de pétrole pourrait être plus cher que celui pris en compte dans la détermination du tarif du billet d’avion au moment de sa vente. Ceci permet aux compagnies de facturer au passager une somme qui leur permet de se couvrir suffisamment au cas où le baril du pétrole augmenterait.
Cependant, la surcharge carburant doit être évolutive et les compagnies doivent la réviser mensuellement.
Pour plus de clarté et de transparence, certains prestataires de services appliquent cette surcharge carburant mais la publient en pied de leur facture. Il suffit d’observer, à titre d’exemple, une facture de Chronopost, pour s’en rendre compte.
Brian Pearce, économiste en chef d’IATA, prédit que les différentes surcharges mises en place ces dernières années pour faire face à la flambée du baril de pétrole pourraient disparaître. En tout cas elles n’ont plus de raison d’être, mais les compagnies aériennes en profiteront toujours tant qu’il n’y a pas une pression des Etats. (A suivre)